Les récents pourparlers entre Kigali et Kinshasa pour la paix dans l’Est de la République démocratique du Congo, en proie à la rébellion du M23, ne s’attaquent pas aux causes profondes du problème, a estimé ce jeudi 9 janvier 2025 le président rwandais Paul Kagame.
Le M23, groupe armé soutenu par Kigali, ne cesse de gagner du terrain malgré un cessez-le-feu conclu l’année dernière.
Le week-end dernier, il a pris le contrôle de la ville-clé de Masisi, à environ 80 km au nord de Goma, la capitale provinciale du Nord-Kivu, à la suite de combats qui ont selon l’ONU déplacé plus de 100.000 personnes.
En décembre, des pourparlers entre M. Kagame et le président congolais Félix Tshisekedi ont échoué. Un accord pour la paix devait être mis sur la table lors d’un sommet à Luanda, mais M. Kagame ne s’y est jamais rendu.
« Partout où il y avait des réunions pour discuter de la manière de mettre fin à ce problème, le Rwanda était présent », a affirmé le président rwandais lors d’une conférence de presse.
« Mais au final (…) l’objectif n’est pas de mettre fin au problème, l’objectif est de se faire photographier », a-t-il poursuivi. « Nous devons obtenir des résultats en nous attaquant aux causes profondes », a-t-il ajouté.
La diplomatie rwandaise a assuré que de « nombreuses parties » du territoire de Masisi étaient entre les mains des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), un groupe armé formé par d’ex-hauts responsables hutu du génocide des Tutsi au Rwanda en 1994, depuis réfugiés en RDC.
Ce groupe qui combat le M23, tout comme une nébuleuse de milices pro-Kinshasa dans l’Est, constitue aux yeux de Kigali une menace permanente.
Pour Kinshasa, le Rwanda cherche faire main basse sur les ressources, minières notamment, de l’Est congolais. Kigali rejette, lui, les rapports d’experts, notamment des Nations unies, selon lesquels il soutiendrait directement le M23.
M. Kagame a néanmoins martelé que les combats ne pourront cesser tant que les FDLR ne seront pas éliminés.
« La question des FDLR doit trouver une réponse. Il n’y a pas moyen de l’esquiver ou de tourner sans fin autour du problème », a-t-il déclaré.
© AVEC AFP