La persistance de structures héritées de l’ère coloniale en Afrique, notamment le franc CFA et les bases militaires étrangères, soulève des questions fondamentales sur la nature de la démocratie sur le continent.
Dr Amzat Boukhari Yabara, historien et panafricaniste, offre une analyse percutante de cette situation paradoxale.
Selon Yabara, la présence continue de ces vestiges coloniaux constitue une entrave majeure à l’expression d’une véritable souveraineté africaine.
Il rappelle que les sociétés africaines pré-coloniales pratiquaient l’autogestion, un modèle en contraste frappant avec les structures étatiques actuelles, qu’il qualifie de « pâles copies de la démocratie ».
Le franc CFA, en particulier, cristallise les critiques. Cette monnaie, dont le contrôle échappe largement aux pays africains qui l’utilisent, symbolise pour beaucoup la persistance d’une forme de tutelle économique.
Son maintien soulève des interrogations sur l’autonomie réelle des nations africaines dans la conduite de leurs politiques monétaires et économiques.
L’historien pointe également du doigt la dénaturation du processus démocratique en Afrique. Il déplore l’émergence d’une classe politique souvent plus motivée par l’enrichissement personnel que par la défense de l’intérêt général.
Cette situation, exacerbée par le financement extérieur des partis politiques, transforme la démocratie en une « rente » plutôt qu’en un véritable débat d’idées.
Yabara souligne la nécessité de repenser les institutions africaines. Il préconise la création de centres de formation politique et idéologique pour préparer les futures générations de dirigeants.
Il insiste par ailleurs sur l’importance de la maîtrise technologique, notamment des réseaux sociaux, comme outil essentiel d’une démocratie moderne.
Cette analyse invite à une réflexion profonde sur les conditions nécessaires à l’émergence d’une démocratie authentiquement africaine, libérée des influences extérieures et ancrée dans les réalités du continent.
Le débat sur le franc CFA s’inscrit ainsi dans une discussion plus large sur l’avenir politique et économique de l’Afrique.