En Côte d’Ivoire, le Conseil national de sécurité a tranché pour un dispositif sécuritaire XXL pour les législatives prochaines.
Le jeudi 13 novembre 2025, sous la présidence d’Alassane Ouattara, l’instance a annoncé la mobilisation de 44 000 agents des forces de défense et de sécurité pour encadrer le scrutin législatif du 27 décembre.
Ce dispositif reproduit l’opération « Espérance » déployée lors de la présidentielle d’octobre dernier. Le pays sort d’une élection présidentielle qui a fait onze morts, soixante et onze blessés et conduit à l’interpellation de 1 658 personnes selon le bilan officiel présenté lors de la réunion du CNS.
Fidèle Sarassoro a lu le communiqué final. Le secrétaire exécutif du Conseil national de sécurité a détaillé les mesures prises pour garantir un scrutin apaisé. Le ministre de la Sécurité, le général Vagondo Diomandé, doit appliquer strictement l’interdiction des meetings et manifestations politiques prévue par l’arrêté interministériel du 17 octobre. Cette interdiction court sur l’ensemble du territoire national à l’exception des activités directement liées au processus électoral. Bref, les rassemblements politiques restent bannis sauf autorisation expresse.
Un contexte post-présidentiel encore tendu pour les législatives en Côte d’Ivoire
Le Premier ministre Beugré Mambé et les ministres concernés ont reçu instruction de prendre toutes les dispositions nécessaires pour garantir un scrutin apaisé, notamment en renforçant la protection des sites sensibles. Les bureaux de vote, les dépôts de matériel électoral et les locaux de la Commission électorale indépendante font partie de ces sites à protéger en priorité. Les autorités préfectorales ont été mobilisées dès jeudi lors d’une rencontre stratégique convoquée par la Direction générale de l’Administration du territoire.
Le contexte reste tendu. La présidentielle du 25 octobre a révélé des failles dans le dispositif sécuritaire malgré les 44 000 hommes déployés. Des incidents violents ont éclaté dans plusieurs localités. Le Conseil national de sécurité reconnaît ces événements tout en estimant qu’ils n’ont pas entaché la régularité du scrutin. Ouattara a exprimé sa satisfaction quant au bilan global de l’opération « Espérance ». Il a félicité les forces de sécurité pour leur réactivité et leur professionnalisme.
Les législatives renouvellent les 255 sièges de l’Assemblée nationale en Côte d’Ivoire. Le mandat des députés actuels expire le 31 décembre. La Constitution impose l’organisation du scrutin avant cette date. Le dépôt des candidatures s’est déroulé du 31 octobre au 12 novembre, suivi de l’examen des dossiers jusqu’au 19 novembre. La campagne électorale démarre le 19 décembre et s’achève le 26 à minuit. Les résultats seront proclamés entre le 28 et le 30 décembre. La phase contentieuse devant le Conseil constitutionnel est fixée au 5 janvier 2026.
Le pays compte 8 727 431 électeurs inscrits sur les listes électorales. Ces citoyens ont déjà voté le 25 octobre pour la présidentielle qui a vu la réélection d’Alassane Ouattara pour un quatrième mandat. La participation sera scrutée de près. Elle constitue un indicateur de l’adhésion populaire au processus démocratique dans un climat politique encore marqué par les divisions.
L’opposition a dénoncé les violences post-électorales. Plusieurs partis contestent les résultats de la présidentielle. Le Parti panafricain-CI a annoncé le boycott des législatives. Un de ses cadres a été inculpé pour actes terroristes. Ces tensions compliquent l’organisation du scrutin parlementaire qui devait servir de soupape après les tensions présidentielles.
La crise malienne complique la donne sécuritaire pour les législatives en Côte d’Ivoire
La réunion du CNS a également abordé la question des réfugiés maliens. Des flux inhabituels ont été signalés aux frontières nord de la Côte d’Ivoire. Ces populations fuient les attaques menées par des groupes armés terroristes contre des civils dans plusieurs localités du sud du Mali. Le Conseil a demandé l’enregistrement de ces demandeurs d’asile. Il a ordonné un renforcement de la sécurité aux frontières septentrionales du pays.
Cette situation complique la tâche des forces de sécurité. Elles doivent simultanément encadrer un processus électoral sensible et surveiller une frontière longue de plus de 530 kilomètres avec le Mali. Les autorités redoutent des infiltrations d’éléments hostiles profitant du chaos qui règne dans certaines zones frontalières. Enfin, elles craignent que la crise malienne ne serve de prétexte à des actions de déstabilisation intérieure.
Le général Diomandé dirige le ministère de la Sécurité depuis novembre 2024. L’officier a supervisé le déploiement de l’opération « Espérance » en octobre. Son expérience sera sollicitée pour les législatives. Il devra coordonner l’action de la police nationale, de la gendarmerie, des forces armées et des eaux et forêts. Cette mobilisation interservices vise à couvrir l’ensemble du territoire et à réagir rapidement en cas d’incident.
Ibrahima Bayo dirige la Direction générale de l’Administration du territoire. Il a exprimé jeudi sa gratitude pour le rôle joué par les préfets lors de la présidentielle. Il les a invités à capitaliser les enseignements tirés pour consolider un dispositif administratif capable de garantir la sérénité et la transparence des législatives. Les préfets constituent le bras armé de l’État dans les départements et les régions. Leur collaboration avec les forces de sécurité demeure indispensable.
Le président de la Commission électorale indépendante, Ibrahime Coulibaly-Kuibiert, a multiplié les rencontres avec les partis politiques. Il veut garantir un scrutin transparent et inclusif. La CEI a mis en place 11 835 lieux de vote répartis sur le territoire. Chaque bureau sera sécurisé par des éléments des forces de l’ordre. La distribution des cartes d’électeurs a commencé dans les délais prévus.
Le contexte économique pèse sur le climat social. La Côte d’Ivoire reste l’une des économies les plus dynamiques d’Afrique de l’Ouest. Pourtant, des déséquilibres structurels persistent entre croissance, changement climatique, inégalités et endettement. Ces questions constituent un terrain électoral sensible où les partis d’opposition peuvent mobiliser les mécontentements.
La mémoire des crises de 2010 et 2020 plane toujours. Les violences post-électorales avaient fait des centaines de morts lors de ces deux scrutins présidentiels. Le pays a réalisé des progrès démocratiques depuis. Les institutions fonctionnent. Les élections se tiennent régulièrement. Néanmoins, la vigilance reste de mise face à la possibilité d’un retour à la violence politique.
Plusieurs journalistes ont annoncé leur candidature aux législatives. Plus de cinq professionnels des médias briguent un siège de député. Cette participation témoigne d’une volonté de diversifier le profil des parlementaires. Elle suscite également des questions sur l’indépendance de la presse dans un pays où les médias restent sous influence politique et économique.
Les prochaines semaines seront déterminantes. La campagne électorale permettra de mesurer le niveau de mobilisation des formations politiques. Les candidats devront convaincre un électorat parfois désabusé après les tensions présidentielles. Le dispositif sécuritaire sera testé dans sa capacité à prévenir les incidents sans étouffer l’expression démocratique.
Ouattara a appelé les populations à œuvrer pour la paix, la cohésion sociale et la préservation d’un climat serein durant toute la période électorale. Ce message présidentiel vise à calmer les tensions. Il rappelle que la stabilité du pays dépend de l’attitude de chaque citoyen. Les forces de sécurité ne peuvent à elles seules garantir des élections apaisées sans l’adhésion populaire au processus.
Le scrutin du 27 décembre dira si la Côte d’Ivoire a tiré les leçons des violences d’octobre. Il révélera également la capacité du pays à organiser des élections libres et transparentes malgré les divisions politiques. Les observateurs nationaux et internationaux surveilleront attentivement le déroulement des opérations de vote et le comportement des forces de l’ordre.