Jamais personne n’avait empilé 40.000 points en saison régulière de NBA, ni joué avec son fils ou réussi deux triples doubles dans l’histoire des Jeux olympiques: c’était avant LeBron James, à la poursuite d’une troisième médaille d’or samedi en finale des JO face à la France à Paris.
Le sport revient à repousser les limites du corps, c’est entendu. Le quasi quadra d’Akron joue avec celles du temps. A bientôt quarante ans, en décembre, « King James » a signé un triple double (16 pts, 12 rbs, 10 passes) en demi-finale des JO face à la Serbie du triple MVP de la NBA Nikola Jokic.
Avant jeudi, il n’y en avait eu que trois dans l’antique histoire du basket aux Jeux olympiques: ceux du Soviétique Sasha Belov (1976), du Slovène Luka Doncic (2021) et de… LeBron James (2012).
Ses traits se sont creusés, son collier de barbe distinctif s’est argenté mais son corps hors-normes (2,06 m pour 113 kg) n’en finit pas d’étonner.
« Il saute encore très haut »
« On change avec l’âge, on s’ajuste, comme LeBron. Il ne saute plus aussi haut qu’à 25 ans mais il saute encore très haut et il court vite ! », prévenait Kevin Durant avant le début de la quinzaine.
Ces paroles de « KD », « l’Elu » un des innombrables surnoms de James les a illustrées avec une des actions ayant fait basculer la demie de vendredi.
Il reste seulement deux minutes à jouer et « LBJ » foule déjà le parquet depuis plus d’une demi-heure, quand il devance Nikola Jokic au rebond dans la raquette américaine pour enchaîner avec un coast-to-coast.
« J’essaie toujours d’être agressif, de réussir des actions pour l’équipe. Je m’efforce de faire un peu de tout sur le terrain », décrivait le quadruple champion de NBA quelques minutes plus tard dans les entrailles de Bercy. « Mes coéquipiers croient en moi et j’ai réussi à les aider. »
Sur les images, il paraît s’envoler pour marquer en lay-up (89-87), entre Bogdan Bogdanovic et Vasilije Micic, en suspension, comme hors du temps.
« Je ne sais pas combien il me reste »
« J’ai 39 ans et j’entame ma 22e saison. Je ne sais pas combien il me reste de chances de jouer pour gagner quelque chose, quelque chose de grand et d’être acteur de gros matches. Ce (vendredi) soir, c’était un gros match », a savouré l’intéressé vendredi.
A la poursuite de défis, « LBJ » a rejoint cette « Redeem Team » américaine 2.0 aux Jeux olympiques après le « thrilla in Manilla » d’un nouveau genre l’été dernier avec deux désillusions finales. Des claques contre l’Allemagne (113-111) puis le Canada (127-118) ayant fait tomber le « Team USA » à la quatrième place de la Coupe du monde, le poussant à revenir aux Jeux de Paris.
Il était déjà de l’équipe américaine lors de l’infamante médaille de bronze à Athènes en 2004. Puis de la première « Reedeem Team » de Pékin en 2008 où il avait lavé l’affront en compagnie de Kobe Bryant, Dwyane Wade, Chris Paul ou encore Carmelo Anthony.
Les « Avengers », la version 2024 rassemblant Stephen Curry et Kevin Durant à ses côtés, ne dépareillent pas.
« Son style de jeu nous correspond », a répondu comme une évidence Stephen Curry, interrogé avant le début des Jeux olympiques sur son association avec la superstar.
« C’est un gars qui peut dribbler, passer, tirer et bosser en défense. Tout s’est déroulé sans problème, il suffit d’utiliser ses talents dans l’action adéquate et les bonnes choses suivront. »
Après son éventuelle troisième médaille d’or olympique, la légende de Cleveland et héros de l’Ohio doit jouer à la rentrée avec son fils Bronny James, 19 ans et drafté par les Los Angeles Lakers où LeBron James a prolongé en juillet de deux saisons. Partager un parquet de NBA avec son fils, aucun bipède ne l’a encore fait.
Continuera-t-il encore longtemps de lancer ce ballon qui retombe aussi sûrement que le Rocher de Sisyphe ? Ou remisera-t-il son fameux manchon blanc au bras droit l’été prochain ? LeBron serait tenté de dire jamais.
© Avec l’AFP