Au Zimbabwe, les cigarettes pourraient couler à flot. Le président Emmerson Mnangagwa a en effet inauguré le 19 novembre 2025 une unité de transformation de tabac à Lochinvar, dans la banlieue de Harare. L’investissement s’élève à 100 millions de dollars. L’entreprise Cut Rag Processors, propriété de l’homme d’affaires Simon Rudland, porte ce projet qui positionne le Zimbabwe comme un acteur régional de la transformation tabacole.
L’usine dispose d’une capacité de traitement de 3 000 tonnes de tabac brut par mois. Elle peut produire 60 000 master cases de cigarettes mensuellement, soit environ 600 millions d’unités. Bref, une performance technique notable pour un pays qui exporte traditionnellement la quasi-totalité de sa production sous forme brute.
Selon The Zimbabwe Mail, l’installation transforme la feuille en tabac coupé destiné à la fabrication de cigarettes. Le site peut traiter 12 000 cigarettes par minute grâce à des équipements importés d’Allemagne et d’Italie. L’usine fonctionne avec une énergie dérivée de déchets de bois, selon les autorités.
Le directeur général de Cut Rag Processors, Lesley Malunga, a déclaré que « cette expansion ne concerne pas seulement le volume, mais la capture de valeur ». Il a expliqué que l’exportation de produits raffinés et de cigarettes emballées permet de conserver une part plus importante des revenus au Zimbabwe. L’installation créera des centaines d’emplois dans la transformation, l’emballage, la logistique et l’ingénierie, d’après le responsable.
Le pays transforme actuellement entre 10 et 15 % de sa production locale de tabac. Emmanuel Matsvaire, directeur général par intérim du Conseil de l’industrie et de la commercialisation du tabac (TIMB), avait indiqué en avril dernier que les dix fabricants de cigarettes du Zimbabwe produisaient environ 4,4 milliards de cigarettes par an. Le régulateur ambitionne de porter le taux de transformation à 30 % avec l’appui des investisseurs privés.
Le Zimbabwe a enregistré une récolte de 354 000 tonnes de tabac en 2025, en hausse de 53 % par rapport à l’année précédente. Cette performance consolide la position du pays parmi les premiers exportateurs mondiaux de la feuille. Les recettes d’exportation ont atteint 1,3 milliard de dollars en 2024, dont 94 % provenaient de la vente de matière première non transformée.
Le gouvernement souhaite porter les revenus de la filière à 7 milliards de dollars d’ici 2030, enfin, selon la Stratégie pour les Systèmes Alimentaires, l’Agriculture et la Transformation Rurale. La transformation locale représente un levier pour capter davantage de valeur ajoutée dans une industrie qui contribue à plus de 25 % des revenus en devises du pays.