Chaque année, le Sénégal importe pour plus de 1 070 milliards FCFA de denrées agricoles et de produits alimentaires de base.
Cette facture salée inclut 1,4 million de tonnes de riz, 860 000 tonnes de blé, 200 000 tonnes d’huile et de sucre, 347 000 tonnes de fruits et légumes, ainsi que plus de 100 millions d’euros de produits laitiers.
Une dépendance qui pèse lourdement sur la balance commerciale du pays et le rend vulnérable aux chocs extérieurs. Pour renverser cette tendance, les autorités sénégalaises ont décidé de faire de l’agriculture et de l’élevage un véritable levier de transformation économique.
L’objectif consiste à produire ce que le pays consomme et à consommer ce qu’il produit. Cela passe par une vision stratégique centrée sur la souveraineté alimentaire et la création de richesse à l’échelle locale.
La stratégie du Sénégal pour ne plus dépenser 1 070 milliards FCFA par an
Le plan d’action du Sénégal pour réduire les importations consiste en 3 grands points. D’une part, le Sénégal ambitionne de créer 90 000 emplois, principalement à destination des jeunes et des femmes, dans les chaînes de valeur agricoles et pastorales.
D’autre part, il est également prévu de déployer 525 fermes agroécologiques intégrées de 200 hectares, soit une ferme par commune rurale.
Enfin, le développement des filières stratégiques comme le riz, le lait, la tomate, la banane, l’élevage bovin, ovin, porcin et avicole figure aussi parmi les priorités.
L’investissement total nécessaire est estimé à 1 470 milliards FCFA sur cinq ans, soit l’équivalent de 14 millions FCFA par hectare. Un effort financier considérable, mais jugé nécessaire pour sortir de la spirale des importations et construire une économie agricole robuste et durable.
Le Sénégal, pays sahélien ouvert sur l’Océan Atlantique, dispose d’atouts naturels non négligeables pour réussir ce pari. Son potentiel de terres arables est estimé à 3,8 millions d’hectares, dont 2,5 millions sont déjà cultivés.
Le pays compte également 349 000 hectares de terres irrigables, bien que moins d’un tiers soit actuellement aménagé. Il bénéficie de deux grands fleuves (le Sénégal et la Gambie), d’eaux souterraines abondantes et d’une façade maritime de 700 kilomètres, même si les ressources halieutiques sont aujourd’hui surexploitées.
À travers cette stratégie agricole, le Sénégal ne se contente pas de viser l’autosuffisance. Il cherche aussi à créer un nouveau modèle économique fondé sur l’emploi, la durabilité, la souveraineté et la résilience face aux défis climatiques.