Les équipes du Fonds Monétaire International (FMI) ont quitté le Sénégal après deux semaines de tractations, abandonnant le pays sans nouvel accord de financement.
Les titres de dette sénégalais ont immédiatement plongé sur les marchés internationaux.
Vendredi matin, les euro-obligations libellées en euros perdaient jusqu’à quatre centimes. L’obligation à échéance 2028 s’échangeait à 80 centimes sur l’euro. Celle en dollars arrivant en 2033 cédait 3,7 centimes pour tomber à 67,46 centimes. Les pertes se sont ensuite légèrement résorbées.
Edward Gemayel, chef de mission du FMI pour le Sénégal, a publié un communiqué ce jeudi 6 novembre 2025. L’institution explique vouloir poursuivre les discussions à distance dans les prochains jours. Mais l’absence d’entente concrète ébranle déjà les investisseurs.
Une dette du Sénégal réévaluée à la hausse par le FMI
L’an passé, le Fonds avait suspendu un programme de 1,8 milliard de dollars. Les nouvelles autorités sénégalaises venaient de révéler des dettes dissimulées par le régime précédent. Ces engagements non déclarés dépassent désormais 11 milliards de dollars, selon Reuters.
Le FMI évalue aujourd’hui la dette totale du secteur public à 132 % du PIB en fin d’année 2024. Ce chiffre inclut les entreprises publiques et les arriérés intérieurs, qui représentent à eux seuls 4 % du PIB. La situation dépasse largement l’estimation gouvernementale de 119 %.
Charlie Robertson, responsable de la stratégie macroéconomique chez FIM Partners à Londres, résume l’impasse. Les investisseurs doutent des projections fiscales présentées par Dakar. Le gouvernement prévoit d’augmenter les recettes publiques d’environ 5 % du PIB en une année.
Gemayel souligne qu’aucun pays n’a jamais atteint pareil rendement. « Le rendement fiscal très élevé attendu des mesures annoncées représente un risque significatif », précise le communiqué du Fonds.
Des prévisions contradictoires
Les autorités tablent sur de nouvelles taxes. Jeux de hasard, transferts d’argent mobile, suppression progressive des exonérations fiscales : autant de sources censées remplir les caisses. Bref, un pari audacieux dans un contexte économique tendu.
L’écart se creuse aussi sur les perspectives de croissance. Le FMI prévoit 3 % pour 2026. Le gouvernement, lui, mise sur 5 %.
Cette divergence alimente les inquiétudes sur la capacité du pays à honorer ses engagements. D’ici 2026, selon la loi de finances rectificative, le Sénégal devra consacrer près de 30 % de ses ressources au remboursement de la dette et des intérêts. Un montant comparable aux budgets combinés de l’Éducation et de la Santé.