Les migrants et demandeurs d’asile, dont de nombreux Africains, arrivés illégalement au Royaume-Uni, notamment en traversant la Manche sur des embarcations de fortune, se verront « en principe » refuser l’obtention de la nationalité britannique, selon de nouvelles instructions du gouvernement travailliste.
Les demandes de naturalisation déposées à partir du 10 février 2025 par des personnes entrées de façon irrégulière au Royaume-Uni seront d’une manière générale rejetées, quel que soit le temps passé dans le pays, selon le document à l’intention des services chargés de l’examen de ces dossiers.
Ces demandes continueront toutefois à faire l’objet d’un examen au cas par cas.
Jusqu’à présent, une personne arrivée de façon illégale dans le pays puis ayant obtenu le statut de réfugié devait attendre dix ans avant de voir sa demande de naturalisation examinée.
De nouvelles règles au Royaume-Uni
Le ministère de l’Intérieur a toutefois précisé ce mercredi 12 février 2025 qu’il existait déjà auparavant « des règles pour empêcher ceux qui arrivent illégalement d’acquérir la nationalité ».
« Cette directive renforce les mesures en place pour qu’il soit clair que quiconque entre illégalement au Royaume-Uni, notamment à bord de bateaux, encourt un refus de sa demande d’obtention de nationalité britannique », a indiqué un porte-parole dans un communiqué transmis à l’AFP.
Le gouvernement de Keir Starmer reprend ainsi en partie un projet de son prédécesseur conservateur Rishi Sunak.
Les autorités travaillistes sont sous pression sur ce sujet, face à la montée dans les sondages du parti anti-immigration Reform UK de Nigel Farage, qui a fait une percée lors des législatives de juillet en remportant cinq sièges au Parlement.
Mais ce durcissement a été critiqué dans les rangs du Labour.
« Si nous accordons le statut de réfugié à quelqu’un, il n’est pas juste de lui refuser ensuite la possibilité de devenir un citoyen britannique », a dénoncé la députée travailliste Stella Creasy sur X.
A la tête du Refugee Council, ONG de soutien aux réfugiés, Enver Solomon a dénoncé un changement qui « défie la raison », appelant le gouvernement à « reconsidérer » sa position.
Selon cette organisation, cette nouvelle règle empêchera quelque 71.000 personnes déjà présentes, ayant obtenu le statut de réfugiés ou susceptibles de l’obtenir, d’accéder à la nationalité britannique.
L’organisation Free Movement, spécialisée dans la politique migratoire et d’asile, a aussi dénoncé une mesure « dommageable pour l’intégration ».
Les députés britanniques ont par ailleurs commencé à examiner cette semaine un projet de loi contre l’immigration irrégulière qui s’inspire de la législation antiterroriste pour s’attaquer aux réseaux de passeurs.
Le gouvernement travailliste de Keir Starmer a abandonné le projet controversé des conservateurs d’expulser des migrants vers le Rwanda, mais il s’est engagé à réduire l’immigration – légale comme illégale – au Royaume-Uni.
Quelque 36.816 migrants sont parvenus à traverser la Manche à bord de petits bateaux depuis la France en 2024, soit 25% de plus qu’en 2023, selon le ministère britannique de l’Intérieur.
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