C’est un geste qui marque véritablement un tournant dans les relations académiques entre le Nigeria, le Togo et le Bénin.
En effet, Abuja vient de lever la suspension des diplômes délivrés par les universités de ces deux pays voisins.
Cette décision, annoncée par le ministre nigérian de l’Éducation, Tahir Mamman, met fin à plusieurs mois d’incertitude et de tension diplomatique.
L’affaire avait éclaté en janvier 2024, lorsque le Nigeria avait pris la décision radicale de suspendre la reconnaissance des diplômes togolais et béninois.
Cette mesure faisait suite à une enquête révélant un trafic de faux certificats, impliquant plus de 22 000 documents frauduleux. Un scandale qui avait jeté l’opprobre sur l’ensemble des systèmes universitaires des deux pays incriminés.
Le Nigeria lève la sanction contre le Bénin et le Togo mais…
Aujourd’hui, le Nigeria fait marche arrière, mais avec prudence ; en effet, seuls les diplômes de huit universités – trois au Togo et cinq au Bénin – seront désormais reconnus.
Une liste restreinte qui témoigne de la volonté nigériane de maintenir un contrôle strict sur la qualité des formations suivies par ses ressortissants à l’étranger.
Cette décision, si elle apporte un soulagement certain à Lomé et Cotonou, soulève néanmoins des questions sur l’avenir des milliers d’étudiants nigérians actuellement inscrits dans des établissements non accrédités.
L’Association nationale des étudiants nigérians au Bénin, qui évoquait en janvier le chiffre de 15 000 étudiants potentiellement affectés, appelait à ne pas « punir tous les étudiants pour le crime commis par une seule institution ».
Au-delà des frontières togolaises et béninoises, cette affaire a des répercussions plus larges. Le Kenya, l’Ouganda et le Niger sont désormais dans le viseur des autorités nigérianes, soucieuses de préserver l’intégrité de leur système éducatif. Une vigilance accrue qui pourrait redessiner la carte de la mobilité étudiante en Afrique de l’Ouest et au-delà.
Cette crise met en lumière les défis auxquels font face les systèmes éducatifs africains, pris entre la nécessité d’internationalisation et l’impératif de maintenir des standards académiques élevés.
Elle souligne également l’urgence d’une coopération régionale renforcée en matière d’enseignement supérieur, seule à même de garantir la qualité et la reconnaissance mutuelle des diplômes au sein du continent.