Grand fournisseur d’électricité en Afrique de l’Ouest, le Nigeria fait face à une dette colossale de plusieurs milliards. Il s’agit d’un vrai casse-tête pour le président Bola Tinubu qui a hérité de cette dette.
En effet, l’Etat du Nigeria doit énormément d’argent aux sociétés de production d’électricité (GENCO). Le président Tinubu demande à ces sociétés de faire preuve de patience. Il souhaite vérifier les dettes avant de passer à leur paiement.
Lors d’une réunion tenue le 18 juillet 2025 à la Villa présidentielle d’Abuja avec l’Association des sociétés de production d’électricité, dirigée par le colonel à la retraite Sani Bello, le chef de l’État a assuré les acteurs du secteur de sa détermination à régler un passif estimé à 4 000 milliards de nairas, soit environ 2,6 milliards de dollars, accumulé depuis 2015.
Un secteur sous pression
« Donnez-nous le temps de vérifier et de valider les chiffres », a lancé Tinubu aux producteurs, tout en affirmant sa volonté de remédier à une situation héritée de ses prédécesseurs.
« J’accepte les actifs et les passifs, mais cette acceptation doit être crédible. Je veux de la transparence, de l’audit, de la vérifiabilité. »
L’enjeu est de taille. Selon Olu Verheijen, conseillère spéciale du président pour l’énergie, le gouvernement a validé à ce jour 1 800 milliards Naira de créances via la Nigerian Bulk Electricity Trading Company (NBET).
Un programme d’obligations de 4 000 milliards ₦, approuvé par anticipation, est en cours de finalisation pour couvrir les montants réellement dus par l’État.
Entre appels à l’aide et réformes engagées
Le ministre de l’Énergie, Adebayo Adelabu, a salué la posture proactive du président. Il a souligné que sous l’administration Tinubu, plusieurs avancées majeures ont été réalisées : promulgation de la loi sur l’électricité de 2023, lancement d’une nouvelle politique nationale intégrée de l’électricité, augmentation de la capacité installée à 14 000 MW et pic de production historique à 5 801 MW.
Le Nigeria, assure-t-il, n’a connu aucun effondrement du réseau en 2025, une première. Mais le ministre prévient : malgré ces progrès, la trésorerie des producteurs reste exsangue.
« Ce surendettement met en péril la continuité des opérations. Une fermeture à l’échelle nationale n’est pas à exclure si des mesures immédiates ne sont pas prises », a-t-il averti.
La voix des investisseurs
Tony Elumelu, homme d’affaires influent et acteur clé du secteur, a exprimé l’inquiétude des investisseurs : « Nous ne demandons pas de faveurs, mais le paiement de ce qui nous est dû. Nous sommes menacés de saisies bancaires. Ce n’est pas un échec de gestion, mais un défaut du système. »
Même son de cloche chez Kola Adesina, président de Sahara Power : « Sans liquidités, notre secteur étouffe. Les centrales de l’axe Afam manquent de gaz. Nous proposons de libérer 800 millions de pieds cubes via NLNG pour relancer la production. »
Le président s’est voulu conciliant. Il a invité les institutions bancaires à ne pas se précipiter vers les saisies d’actifs.
« Taillez vos crayons, mais gardez une gomme à portée de main », a-t-il lancé aux banquiers. Décrivant l’électricité comme « la plus grande invention des mille dernières années », Bola Tinubu a réaffirmé sa foi en un marché énergétique compétitif et viable.
Mais sa promesse tient désormais à un mot : patience. Patience pour que l’État tienne ses engagements, sans compromettre l’équilibre fragile d’un secteur en quête de stabilité.