Le Maroc bat l’Algérie et reste le pays le mieux noté d’Afrique du Nord

Le Maroc bat l'Algérie et reste le pays le mieux noté d’Afrique du Nord

Crédit Photo : Le Point

En Afrique du Nord, le Maroc et l’Algérie restent deux géants qui se livrent une guerre sans merci dans presque tous les domaines.

Dans un contexte d’incertitudes géopolitiques et commerciales sans précédent, Coface maintient la note de risque pays du Maroc à « B », traduisant un niveau intermédiaire. Le Royaume conserve ainsi la meilleure note en Afrique du Nord et se place parmi les économies les plus résilientes du continent.

Ce maintien intervient alors que 23 secteurs et 4 pays ont vu leur note dégradée, sur fond de guerre commerciale relancée par les États-Unis, de tensions accrues au Moyen-Orient et de ralentissement généralisé des perspectives économiques mondiales.

Dans sa revue semestrielle des risques pays et sectoriels publiée en juin 2025, Coface confirme que l’économie mondiale traverse une phase d’instabilité aiguë.

Les décisions du président des États-Unis sur les droits de douane et la montée dramatique des tensions au Moyen-Orient redessinent un paysage économique imprévisible pour 2025-2026.
La conjoncture internationale se durcit, pesant lourdement sur les perspectives de croissance. Dans ce climat, et au vu des mesures d’ores et déjà effectives, Coface a abaissé la notation de 23 secteurs et de 4 pays.

Le Maroc, lui, réaffirme sa résilience et évite toute dégradation, mais sa note reste inchangée à « B », traduisant un risque d’impayés « assez élevé » pour les entreprises : un niveau intermédiaire, sans être pour autant alarmant.

Cette situation s’explique par la fragilité structurelle du tissu économique marocain, constitué d’environ 90% de TPE, dont une grande partie opère dans l’informel.

Pour mémoire, la grille Coface s’étend de « A1 » (risque très faible) à « E » (risque extrême), et la note « B » est la cinquième sur huit niveaux.

Dans un contexte mondial marqué par la montée des incertitudes économiques, géopolitiques et climatiques, la Coface renforce son rôle stratégique dans la gestion du risque de crédit. À l’occasion d’une rencontre organisée à Casablanca, son directeur général, Xavier Durand, a souligné l’importance croissante de la donnée et de l’innovation pour affiner l’évaluation des risques, notamment en Afrique.

Au Maroc, où le tissu économique reste dominé par les TPE, la hausse attendue des défaillances impose une vigilance accrue et stimule la demande en assurance-crédit.

Le Maroc fait néanmoins figure de meilleur élève d’Afrique du Nord, devançant l’Algérie, la Tunisie, la Mauritanie, l’Égypte (risque élevé) ou encore la Libye (risque extrême). Une performance régionale significative, qui reflète une meilleure stabilité macroéconomique et politique, une diversification sectorielle progressive et une certaine résilience face aux chocs extérieurs.

À l’échelle du continent africain, le Royaume se situe dans le Top 3 des meilleures évaluations risques pays, derrière le Rwanda et l’île Maurice (notée « A4 », soit risque convenable).

Bien que l’exposition directe de l’Afrique aux États-Unis en matière de commerce soit relativement faible (environ 5% des exportations totales), la guerre commerciale affectant ses principaux partenaires, comme l’Europe et la Chine, ainsi que la baisse des prix des matières premières, risquent de freiner toute reprise significative sur le continent.

Les pays moins dépendants des exportations de matières premières et engagés dans une diversification de leur économie s’en sortiront mieux dans ce contexte. Coface prévoit une croissance du PIB africain de +3,7% en 2025 et +4,1% en 2026.

Pour l’assureur-crédit, l’Afrique du Sud est plus directement exposée à une hausse des droits de douane américains, en raison de ses industries automobile et métallurgique. La croissance y restera modeste (+1% en 2025, +1,5% en 2026), car le regain de la demande intérieure sera contrebalancé par une demande extérieure atone, qui pèsera sur les secteurs manufacturier et minier.

Par contre, la croissance du Nigeria devrait rester relativement stable (+3,2% en 2025 et 2026), portée par la vigueur de l’économie non pétrolière, notamment dans les services (notamment la finance, les technologies de l’information, les industries créatives…) et l’engagement du pays en faveur des réformes économiques.

À l’échelle globale, Coface prévoit une croissance mondiale limitée à 2,2% en 2025 et 2,3% en 2026, dans un contexte incertain qui dépend d’événements (géo)politiques et des décisions commerciales des États-Unis. En cas d’aggravation des tensions commerciales ou d’élargissement des conflits régionaux, ce chiffre pourrait tomber sous les 2%.

La même incertitude entoure l’inflation, dont la stabilité actuelle pourrait être remise en question. Des risques haussiers demeurent en cas d’augmentation des prix de l’énergie. D’ailleurs, Coface estime que le conflit Israël/Iran ravive les craintes pétrolières. Une perturbation, voire un blocage du détroit d’Ormuz (20 M barils/jour, soit 20% de l’approvisionnement mondial), pourrait porter les cours au-delà de 100 dollars le baril.

« Sans cet environnement géopolitique, les fondamentaux plaident pourtant pour une baisse : production en hausse dans les pays non-OPEP+, demande affaiblie par les tensions commerciales, réintégration de volumes par l’OPEP+ (2,2 M barils/jour). Hors crise majeure, les prix devraient rester dans une fourchette allant de 65 à 75 dollars le baril », détaille l’assureur-crédit.

Les économies émergentes sous pression

Face à ce contexte d’incertitudes géopolitiques et commerciales sans précédent, les Grandes Banques centrales devraient rester prudentes. Pour ce qui est de l’impact sur les pays avancés, l’économie américaine fait face à deux incertitudes : l’ampleur des droits de douane et leur absorption par l’économie.

En Europe, principal partenaire économique du Maroc, « l’Allemagne a connu un léger regain de croissance au premier trimestre, la France reste atone, l’Italie pourrait s’essouffler, tandis que l’Espagne tire toujours parti du tourisme et des fonds européens pour maintenir sa dynamique ».

Pour Coface, les économies émergentes sont les premières victimes des turbulences commerciales. En Chine, la trêve tarifaire temporaire a permis un sursaut des exportations, mais les perspectives restent fragiles. L’Inde, malgré une croissance de plus de 7% au premier trimestre, voit sa consommation ralentir et ses marges de manœuvre budgétaires se réduire.

La montée des droits de douane américains, en particulier sur les importations chinoises et européennes, redistribue les cartes du commerce mondial. Coface a rétrogradé la note de quatre pays, dont trois fortement liés au marché américain : la Malaisie, Singapour et la Thaïlande, en plus de la Roumanie, en raison de l’importance du déficit public et de la dette.

Par ailleurs, la note de 23 secteurs d’activité a été abaissée, signe fort de la dégradation de l’environnement des affaires, notamment dans l’automobile, la chimie, les métaux et le textile.

En particulier, le secteur métallurgique traverse une crise majeure avec des surcapacités mondiales d’acier de 600 millions de tonnes en 2024, soit 25% de la production globale. La conjoncture macroéconomique défavorable, les tensions énergétiques et les nouveaux droits de douane sur l’acier aggravent la situation des sidérurgies, notamment canadienne, mexicaine et européenne.

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