Le gouvernement libanais a chargé ce mardi 5 août 2025, l’armée de préparer un plan pour désarmer le Hezbollah d’ici la fin de l’année, une mesure sans précédent depuis la fin de la guerre civile.
Cette décision, encore impensable avant la guerre avec Israël ayant fortement affaibli le mouvement pro-iranien à l’automne dernier, a été prise lors d’une réunion du Conseil des ministres, à l’heure où l’influence du Hezbollah sur la scène politique libanaise, qu’il dominait, a nettement reculé.
Elle s’inscrit dans le cadre de l’application du cessez-le-feu conclu sous médiation américaine, qui a mis fin le 27 novembre à plus d’un an de conflit entre le Hezbollah et Israël. L’accord prévoit que seuls six organismes militaires et sécuritaires sont autorisés à porter les armes.
Le désarmement du Hezbollah constitue une question épineuse au Liban. La formation chiite est la seule à avoir conservé son arsenal après la guerre civile (1975-1990) au nom de la « résistance » contre Israël, qui a occupé le sud du pays jusqu’en 2000.
Le ministre de l’Information, Paul Morcos a déclaré que les ministres Tamara Zein, proche du mouvement chiite Amal, allié du Hezbollah, et Rakan Nasreddine, proche du Hezbollah, avaient quitté la séance pour marquer leur opposition à la décision du gouvernement.
Le Conseil des ministres a également décidé, selon M. Salam, de « poursuivre l’examen du document présenté par la partie américaine », en référence à la proposition transmise par l’émissaire américain Tom Barrack, qui propose un calendrier de désarmement du Hezbollah.
Lors d’un discours télévisé diffusé parallèlement à la réunion du gouvernement, le chef du Hezbollah, Naïm Qassem, a affirmé que sa formation n’accepterait « aucun calendrier censé être appliqué sous le feu de l’agression israélienne ».
« Veut-on ouvrir une discussion, ou simplement que nous remettions nos armes sans débat ? », s’est-il interrogé, estimant « inacceptable que le Liban s’engage à abandonner progressivement sa force tandis que tous les leviers de puissance restent entre les mains de l’ennemi israélien ».
M. Qassem a dénoncé un « diktat » américain destiné à « priver le Hezbollah et le Liban tout entier de leur force ».
M. Barrack avait appelé le gouvernement libanais fin juillet à traduire en actes « immédiatement » ses engagements à garantir à l’État « le monopole des armes ».
Un responsable libanais impliqué dans les discussions a indiqué à l’AFP, sous couvert d’anonymat, que « le Hezbollah ne remettra pas ses armes sans contrepartie, ce que les Américains savent pertinemment ».
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