Les propos tenus par Cheikh Oumar Diagne, ministre sénégalais en charge de l’Administration et de l’Equipement à la présidence de la République, ont provoqué une vive polémique au sein du pays.
Dans une interview télévisée diffusée le 21 décembre 2024, le ministre a qualifié les tirailleurs sénégalais de « traîtres », suscitant l’indignation générale.
Ces déclarations ont rapidement été condamnées par le gouvernement. Le porte-parole, Moustapha Njekk Sarré, a exprimé son désaccord total avec les propos de son collègue, indiquant que les tirailleurs étaient des « héros de la Nation ».
Il s’est interrogé sur les raisons qui ont poussé le ministre à aller à l’encontre de la position officielle du gouvernement, d’autant plus que le président de la République avait récemment rendu hommage aux tirailleurs.
Les familles des tirailleurs, représentées par un collectif présidé par l’ancien ministre Lamine Bâ, ont également vivement réagi, qualifiant les propos de Cheikh Oumar Diagne d' »insultants et honteux ».
Elles ont exigé sa démission, estimant qu’il n’était plus digne de représenter le Sénégal.
Le Sénégal a commémoré cette année, avec une envergure inédite, les événements du 1er décembre 1944 au camp militaire de Thiaroye, près de Dakar.
Les forces coloniales françaises avaient tiré sur des tirailleurs rapatriés des combats en Europe, pas seulement sénégalais mais provenant aussi d’autres pays africains, qui réclamaient le paiement d’arriérés de solde.
De nombreuses zones d’ombre subsistent sur les circonstances du drame, le nombre de tirailleurs tués, leur identité, le lieu de leur inhumation.
Les autorités françaises de l’époque avaient admis la mort de 35 personnes.
Fin juillet, six tirailleurs africains exécutés en 1944 ont été reconnus « morts pour la France » à titre posthume. Plusieurs historiens avancent un nombre de victimes bien plus élevé, jusqu’à 400.