Le Ghana vient de franchir un nouveau palier dans sa sortie de crise avec cette fois-ci comme partenaire, l’Allemagne.
Le 10 novembre 2025, le ministre ghanéen des Finances, Cassiel Ato Forson, et l’ambassadeur d’Allemagne à Accra, Frederik Landshoft, ont en effet signé un accord de restructuration de la dette lors d’une cérémonie dans la capitale.
Il s’agit du sixième arrangement bilatéral conclu depuis que le pays a entamé son vaste programme de réaménagement financier.
Berlin rejoint ainsi la Chine, la France, la Finlande, le Royaume-Uni et l’Espagne. Ce geste allemand ne relève pas d’une simple formalité diplomatique. Il apporte une respiration concrète aux comptes publics ghanéens, toujours sous pression après le défaut partiel de 2022. Bref, chaque signature compte.
Le texte paraphé entre dans le dispositif élaboré par les créanciers du Club de Paris. L’objectif consiste à restructurer environ 5,4 milliards de dollars de dette bilatérale, comme le rappelle le ministère en charge des Finances.
Lors de la cérémonie, Forson a affirmé que cet accord représente une étape importante dans le redressement économique du pays, ajoutant : « Cette mesure renforcera les fondements de la stabilité financière et contribuera à une croissance économique durable ».
L’ambassadeur allemand a salué les efforts d’Accra. Des efforts qui commencent à produire leurs fruits. L’inflation a reculé. Elle est passée de plus de 54 % fin 2022 à environ 25 % au printemps 2024, d’après les données disponibles. Le cedi, qui avait perdu la moitié de sa valeur en 2022, se stabilise progressivement. Les réserves de change se reconstituent. Elles atteignaient trois mois d’importations en avril dernier, contre à peine 1,6 mois en novembre 2023.
L’Allemagne entretient des liens économiques substantiels avec le Ghana, notamment dans la formation professionnelle et l’énergie renouvelable. Cet accord renforce donc une coopération déjà ancrée, tout en participant au mécanisme collectif orchestré par le G20 pour soulager les pays africains confrontés à un surendettement chronique.
La restructuration obéit à une logique en deux volets. D’abord, le Ghana a achevé en septembre 2023 la réorganisation de sa dette intérieure, qui représente 47 % de l’endettement public total. Ensuite, le gouvernement négocie pied à pied avec ses créanciers extérieurs, qu’ils soient commerciaux ou officiels.
Les discussions progressent. En juin 2024, un protocole d’accord portant sur les euro-obligations a été trouvé avec les détenteurs d’obligations internationales, entraînant une décote nominale de 37 %.
Le Fonds Monétaire International a approuvé en mai 2023 une facilité élargie de crédit de trois milliards de dollars sur trois ans. Ce programme conditionne les décaissements à des réformes budgétaires strictes et à la finalisation de la restructuration de la dette extérieure. Les accords bilatéraux successifs, dont celui avec Berlin, sont donc déterminants pour débloquer les fonds prévus et restaurer la confiance des marchés.