Le Gabon veut mettre en place un nouveau code des médias

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Crédits photo : Création l-frii media

Au Gabon, le ministre Paul-Marie Gondjout s’est rendu le 14 novembre au siège de la Haute Autorité de la Communication à Libreville avec une idée en tête : la refonte complète du Code de la communication. Cette rencontre avec Germain Ngoyo Moussavou, président de la HAC, et les conseillers-membres ouvre la voie à une révision législative attendue depuis longtemps dans un secteur en profonde mutation.

Les chiffres révélés lors de cette séance de travail donnent la mesure du problème. En 2023, environ 130 sites d’information en ligne opéraient sans autorisation sur un total de 160 recensés. Seuls 22 médias numériques respectaient alors la législation sur la création d’entreprise de presse. La situation n’a guère évolué depuis. Les médias écrits et audiovisuels connaissent des difficultés similaires, avec de nombreux acteurs exerçant dans un vide juridique préoccupant.

Le ministre a réaffirmé que l’adoption d’un nouveau Code constitue une priorité législative. Enfin, pourrait-on dire. Le paysage médiatique gabonais accuse en effet des déséquilibres structurels qui nécessitent une intervention rapide. Les discussions ont porté sur plusieurs axes : la clarification du statut juridique des professionnels, l’encadrement de la création et de l’agrément des médias, ainsi que le contrôle plus strict des contenus diffusés.

Cette réforme arrive à un moment où le Gabon affiche une progression spectaculaire en matière de liberté de la presse. Le pays occupe désormais le 41e rang mondial du classement établi par Reporters sans frontières, contre le 121e rang en 2020. Un bond de 80 places en cinq ans qui place Libreville parmi les bons élèves du continent. En septembre dernier, RSF a d’ailleurs rencontré le président Brice Oligui Nguema pour lui soumettre des recommandations visant à consolider cette avancée.

Parmi les mesures évoquées figurent la révision des critères d’octroi des agréments techniques, la rationalisation du système de subvention à la presse et la clarification des modalités de délivrance de la carte de presse. Le gouvernement entend également établir un statut juridique pour les communicateurs, une catégorie longtemps laissée dans le flou. La formation continue et la professionnalisation des acteurs de la presse font partie des chantiers prioritaires.

Paul-Marie Gondjout a aussi pointé la faiblesse des dotations allouées aux médias audiovisuels publics. Selon lui, l’insuffisance des moyens limite la production de contenus de qualité et fragilise la souveraineté informationnelle du pays. Une observation partagée par de nombreux observateurs du secteur qui réclament depuis des années une revalorisation budgétaire.

La refonte du Code de la communication devra répondre à plusieurs défis. D’abord, encadrer l’explosion des médias numériques sans étouffer la liberté d’expression. Ensuite, professionnaliser un secteur où cohabitent des acteurs de qualité et des opportunistes peu scrupuleux. Enfin, garantir la transparence dans l’attribution des subventions publiques, un sujet sensible qui alimente régulièrement les polémiques.

La HAC, créée en 2018, dispose d’un mandat de régulation étendu couvrant l’audiovisuel, le cinéma, la presse écrite, le numérique et la publicité. Bref, un périmètre large. Mais l’institution a souvent été critiquée pour ses suspensions de médias jugées arbitraires. RSF avait d’ailleurs demandé une réforme de ce qu’elle qualifiait de « bourreau des médias gabonais ». Le nouveau Code devra clarifier les pouvoirs du régulateur et garantir un équilibre entre contrôle et liberté.

Le ministère de la Communication a récemment ouvert la campagne de dépôt des dossiers pour la subvention 2025 destinée à la presse écrite et numérique. Les entreprises privées disposaient de dix jours, du 18 au 28 novembre, pour soumettre leurs demandes. Cette opération intervient dans un contexte de questionnements persistants sur la gestion passée de cette enveloppe publique, que la réforme entend assainir.

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