Depuis avril 2022, la modique somme de 1 000 FCFA suffit pour se connecter au réseau électrique national, dans un pays où le raccordement coûtait auparavant cent fois plus. Un bouleversement silencieux mais profond, qui redessine la carte énergétique du Togo.
L’initiative, baptisée Fonds Tinga et intégrée au programme « Électricité pour tous », repose sur un mécanisme simple mais novateur. L’État avance la quasi-totalité des frais de raccordement, que les ménages remboursent ensuite sur leurs factures. La durée d’étalement varie de quatre à dix ans, selon les ressources de chaque foyer. Un modèle qui conjugue accessibilité immédiate et viabilité économique à long terme.
La procédure a été pensée pour éliminer les obstacles bureaucratiques. « Il suffit de se présenter dans une agence avec sa pièce d’identité et ses 1 000 FCFA. Le reste suit naturellement », explique un responsable de la Compagnie Énergie Électrique du Togo (CEET).
Les chiffres témoignent d’un succès qui dépasse les prévisions initiales.
Au 30 juin 2025, le compteur affichait 79 702 nouveaux branchements répartis sur l’ensemble du territoire. La région des Plateaux arrive en tête avec 32 556 raccordements, suivie par la Maritime (15 326), les Savanes (12 925), la Centrale (10 314) et la Kara (8 581).
Cette démocratisation de l’accès à l’électricité se traduit par une progression spectaculaire des taux d’électrification. La moyenne nationale atteint désormais 74 %, un bond remarquable pour un pays où l’obscurité était jusqu’alors le lot quotidien de nombreuses zones rurales.
Le contraste entre régions reste néanmoins important. Si la Maritime affiche un taux de 47 %, les Savanes plafonnent encore à 34 %, illustrant les défis particuliers des territoires septentrionaux. Entre les deux, la Kara (48 %), la Centrale (46 %) et les Plateaux (42 %) dessinent une géographie électrique en pleine mutation.
Derrière ces statistiques, se cachent des histoires individuelles. Celle de Kodjo N., agriculteur dans la préfecture d’Agou, qui peut désormais faire fonctionner une pompe à eau pour son exploitation. Ou celle de Massanvi K., commerçante à Sokodé, dont l’échoppe reste ouverte après la tombée de la nuit, doublant son chiffre d’affaires quotidien.
L’ambition affichée par les autorités togolaises demeure intacte : raccorder 1,2 million de foyers d’ici 2030. Un objectif qui, s’il est atteint, ferait du Togo l’un des pays les plus électrifiés d’Afrique de l’Ouest.