Le Burkina Faso obtient un nouveau soutien financier à hauteur de 70 milliards en provenance du Fonds Monétaire International (FMI).
Ce dernier a en effet annoncé jeudi 13 novembre 2025 un accord avec le Burkina Faso portant sur 122,7 millions de dollars, soit environ 70 milliards de francs CFA. Ce financement s’effectuera au titre de la Facilité pour la résilience et la durabilité, un programme de 18 mois centré sur l’adaptation au changement climatique.
L’accord vise à renforcer la résilience macroéconomique du pays face aux risques climatiques. Le Burkina subit de plein fouet les effets du dérèglement du climat sur son agriculture et sa sécurité alimentaire. La saison des pluies se raccourcit. Les températures grimpent. Les rendements agricoles chutent dans plusieurs régions. Bref, le pays doit adapter son modèle économique à ces bouleversements.
« L’accent est mis sur des mesures de réformes avec des impacts positifs significatifs sur les finances publiques, la balance des paiements, ainsi que sur la transparence », a déclaré Jaroslaw Wieczorek, chef de mission du FMI pour le Burkina Faso. L’institution salue les progrès accomplis dans la gouvernance budgétaire et la sortie du pays de la liste grise du Groupe d’action financière en octobre 2025.
Le programme appuiera l’Agenda national de réformes destiné à promouvoir un approvisionnement durable en énergie propre et en eau. Il facilitera aussi l’attraction de financements climatiques grâce à la publication de données sur les risques environnementaux et à une meilleure diffusion des investissements dans ce domaine. Les autorités burkinabè ont élaboré un Plan national d’adaptation 2024-2028 qui mise sur la résilience agricole et la gestion des ressources en eau.
Le gouvernement s’engage à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 16 % en 2025, 29 % en 2030 et 34 % en 2050. Ces objectifs ambitieux nécessitent des investissements conséquents dans les énergies renouvelables et les infrastructures hydrauliques. Le pays dispose d’un potentiel solaire exploitable mais sous-utilisé. Les barrages existants vieillissent sans entretien suffisant.
Une toile de fond derrière les 70 milliards du FMI pour le Burkina Faso
Parallèlement à ce financement climatique, le Burkina pourrait recevoir 32,7 millions de dollars supplémentaires à l’issue de la quatrième revue du programme soutenu par la Facilité élargie de crédit. Cette enveloppe porterait à 130,8 millions de dollars le total des décaissements effectués dans le cadre de cet accord de 48 mois, approuvé en septembre 2023. La réunion du conseil d’administration du FMI est provisoirement fixée à début février 2026.
L’économie burkinabè affiche une résilience inattendue malgré les défis sécuritaires. La croissance devrait atteindre 5 % en 2025 selon les prévisions du FMI, portée par la flambée des prix de l’or et les réformes en cours dans le secteur minier. Le pays a produit près de 61 tonnes d’or en 2024. Les exportations en augmentation conjuguées aux cours élevés du métal précieux génèrent des recettes substantielles pour le budget national.
L’inflation connaît un revirement spectaculaire. Après avoir grimpé jusqu’à 4,2 % en 2024, elle s’établira en moyenne à -0,5 % fin 2025 selon le FMI. Cette baisse importante résulte de la chute des prix des denrées alimentaires et de l’énergie. Pourtant, environ 45 % de la population vit toujours avec moins de deux dollars par jour. Enfin, les deux millions de personnes déplacées internes pèsent sur les finances publiques et compliquent la mise en œuvre des politiques de développement.
La mission du FMI dirigée par Jaroslaw Wieczorek a séjourné à Ouagadougou du 29 octobre au 12 novembre 2025. Les discussions ont porté sur les politiques économiques et financières pour l’achèvement de la quatrième revue du programme. Les autorités burkinabè ont respecté les critères de réalisation à fin juin 2025 relatifs au déficit budgétaire primaire et au financement intérieur net. Tous les objectifs indicatifs quantitatifs ont été atteints, sauf un.
Le déficit budgétaire devrait diminuer à 4,3 % du PIB en 2025, contre 5,7 % en 2024. Cette amélioration provient de la hausse des recettes fiscales et non fiscales, soutenues par la TVA intérieure, les nouvelles réformes et les dividendes publics. Les dépenses de sécurité continuent néanmoins d’absorber une part croissante du budget national via le Fonds de soutien patriotique, qui a mobilisé 267,9 millions d’euros fin 2024.
La dette publique totale est estimée à 52,7 % du PIB en 2024. Elle demeure principalement détenue par des créanciers multilatéraux qui représentent 41 % de l’encours total. Le service de la dette représente 37,4 % des recettes et dons en 2024, un ratio qui devrait remonter à près de 62 % à l’horizon 2027-2028. Cette trajectoire inquiète les économistes qui redoutent une insoutenabilité à moyen terme sans augmentation substantielle des recettes budgétaires ou restructuration de la dette.