Le 1er sommet de l’AES met une claque à celui de la CEDEAO

Retrait des pays de l’AES de la CEDEAO : le 15 décembre 2024 au Nigeria, le Mali, le Burkina Faso et le Niger...

Crédit Photo : miroirdafrique.info

Un sommet des dirigeants d’Afrique de l’ouest (CEDEAO ndlr) s’ouvre ce dimanche 7 juillet 2024 à Abuja dans un contexte politique tendu après la décision des régimes militaires du Niger, du Mali et du Burkina de s’unir au sein d’une « confédération » (AES).

Les trois pays ont annoncé samedi la formation de cette confédération. Leur premier sommet, organisé comme un défi la veille de celui de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), met cette dernière une nouvelle fois à l’épreuve, après la décision plus tôt cette année des pays de l’AES de quitter l’organisation.

La CEDEAO, est également confrontée à la violence persistante des jihadistes, aux problèmes économiques et à des difficultés pour rassembler une force régionale.

Le bloc ouest-africain affaibli n’a pas encore réagi après l’adoption par le Niger, le Mali et le Burkina d’un traité établissant une « Confédération des Etats du Sahel », samedi à Niamey.

« Puissances étrangères »

Les dirigeants militaires actuels du Niger, du Mali et du Burkina sont arrivés au pouvoir par des coups d’Etat ces dernières années et avaient annoncé en janvier leur départ commun de la CEDEAO.

Les trois pays ont rompu avec la France, ancienne puissance coloniale, faisant partir les troupes françaises qui étaient stationnées chez eux.

Le général Abdourahamane Tiani, le leader nigérien, a appelé samedi à construire « une communauté éloignée de la mainmise des puissances étrangères ».

Il a aussi affirmé que les peuples des trois pays avaient « irrévocablement tourné le dos à la CEDEAO », rejetant les appels du bloc à rentrer dans les rangs.

Le retrait des pays du Sahel de la CEDEAO a été alimenté en partie par leur accusation selon lesquelles Paris manipulait l’organisation régionale et ne fournissait pas un soutien suffisant aux efforts anti-jihadistes.

Le sommet de dimanche à Abuja, la capitale nigériane, intervient après que plusieurs présidents ouest-africains ont appelé à la reprise du dialogue.

Il s’agit de la première réunion de ce type pour le nouveau président sénégalais Bassirou Diomaye Faye, qui a déclaré en mai que la réconciliation était possible.

Les liens entre le Niger et la CEDEAO se sont détériorés à la suite du coup d’Etat de juillet 2023 qui a porté M. Tiani au pouvoir. La CEDEAO a alors imposé des sanctions et menacé d’intervenir militairement pour rétablir le président évincé, Mohamed Bazoum.

Les sanctions ont été levées en février, mais les relations restent glaciales.

Une nouvelle force militaire pour l’AES ; un pied de nez à la CEDEAO

À la veille du sommet de la CEDEAO, les ministres de la Défense et des Finances se sont penchés sur le financement d’une « force régionale de lutte contre le terrorisme et de rétablissement de l’ordre constitutionnel », proposée de longue date par la Commission de la CEDEAO.

Le projet prévoyait la création d’une unité initiale de 1.500 hommes, et une proposition visait à rassembler ensuite une brigade de 5.000 soldats, pour un coût d’environ 2,6 milliards de dollars par an.

La CEDEAO a déjà lancé des interventions militaires par le passé, mais sa menace de le faire après le coup d’État au Niger s’est évanouie.

Alors que le bloc est confronté à des défis régionaux, le chef de la Commission de la CEDEAO, Omar Alieu Touray, a averti que sa « situation financière s’amenuise ».

Avant le sommet, il a appelé à une « action urgente et décisive pour permettre à la CEDEAO de répondre aux diverses demandes du jour ».

Des informations ont également fait état d’un désaccord sur la possible reconduction du président nigérian Bola Ahmed Tinubu à la présidence de la CEDEAO.

Le conseiller en charge de la communication du président nigérian, Bayo Onanuga, a déclaré à l’AFP que « si certains pays souhaitent qu’il reste parce que la région a été confrontée à une crise, les pays francophones veulent le siège ».

Certains pays francophones devraient envoyer leurs ministres des Affaires étrangères au sommet de dimanche au lieu de leurs dirigeants.

Le ministre des Affaires étrangères du Bénin a déclaré à l’AFP que le président Patrice Talon ne serait pas présent « pour des raisons d’agenda » et a nié tout différend, affirmant que M. Talon soutenait la reconduction de M. Tinubu dans ses fonctions.

© avec l’AFP