L’Algérie vient de prendre une décision lourde de conséquences envers le Burkina Faso, le Mali et le Niger ; donc les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES).
En effet, l’Algérie a annoncé le rappel de ses ambassadeurs au Mali et au Niger et la prise de fonction différée de celui nommé au Burkina Faso, après un rappel dans leurs capitales des ambassadeurs de ces trois pays.
L’Algérie a indiqué regretter « avoir à appliquer la réciprocité », après la décision annoncée la veille par ces pays qui accusent Alger d’avoir abattu un drone malien en territoire malien.
Le ministère algérien des Affaires étrangères a « regretté l’alignement inconsidéré du Niger et du Burkina sur les thèses fallacieuses du Mali ».
Retour sur les tensions entre l’Algérie et les trois pays de l’AES, le Burkina Faso, le Mali et le Niger
Au cœur de cette escalade diplomatique se trouve un incident frontalier survenu récemment : la destruction d’un drone malien que l’Algérie affirme avoir abattu après une incursion de deux kilomètres dans son espace aérien.
Une version contestée avec véhémence par Bamako, qui maintient que l’aéronef opérait « dans les limites du territoire national » et considère cet acte comme « une action hostile préméditée du régime algérien ».
Selon les autorités maliennes, l’épave de l’appareil a été localisée à 9,5 kilomètres au sud de la frontière algérienne.
« La distance entre le point de rupture de liaison avec l’appareil et le lieu de localisation de l’épave est de 441 mètres. Ces deux points sont tous situés sur le territoire national », précise le communiqué de Bamako, qui ajoute que l’aéronef « est tombé à la verticale », suggérant « une action hostile causée par des tirs de missiles sol-air ou air-air ».
Face à ce qu’il qualifie « d’acte d’agression inédit », le Mali a adopté plusieurs mesures de représailles : convocation de l’ambassadeur algérien, retrait du Comité d’état-major conjoint (CEMOC) et dépôt d’une plainte devant des instances internationales « pour actes d’agression ».
Cette crise diplomatique s’inscrit dans un contexte de relations déjà tendues entre l’Algérie et le Mali depuis fin 2023. Elle révèle également la solidarité renforcée entre les trois pays de l’AES, puisque le Niger et le Burkina Faso ont immédiatement emboîté le pas à leur allié malien en rappelant leurs ambassadeurs respectifs en Algérie le dimanche 6 avril 2025.
La position algérienne demeure ferme face à ce front commun des trois pays sahéliens.
Alger semble déterminée à maintenir sa version des faits concernant l’incident du drone et refuse de céder aux pressions de l’AES, dont les membres ont opéré un rapprochement stratégique significatif ces derniers mois.
Cette nouvelle escalade fait craindre une rupture diplomatique complète entre l’Algérie et les pays de l’Alliance, ce qui pourrait avoir des conséquences majeures sur la stabilité régionale et la coordination des efforts de lutte contre le terrorisme dans la bande sahélo-saharienne.
L’évolution de cette crise sera déterminante pour l’avenir des relations entre l’Algérie et les pays de l’AES, dans un contexte où les défis sécuritaires et géopolitiques au Sahel exigeraient pourtant une coopération renforcée entre tous les acteurs régionaux.