50 000 milliards ; ce chiffre représente les pertes annuelles de l’Afrique à cause d’un seul fléau. Mais d’où viennent ces sommes astronomiques qui s’évaporent chaque année ?
Pour répondre à cette question, il faut savoir que l’Union africaine vient de publier un rapport alarmant.
Selon celui-ci, l’Afrique perd 88 milliards de dollars (50 000 milliards de francs CFA) par an en raison de flux financiers illicites, relaie RFI. Ces transactions échappent complètement aux gouvernements africains. Elles passent sous les radars des États du continent.
Il faut noter que les flux financiers illicites regroupent plusieurs pratiques dangereuses. Le blanchiment d’argent en fait partie. La corruption aussi. Le financement du terrorisme représente une autre facette de ce fléau. Enfin, les transferts de capitaux vers l’étranger complètent ce tableau sombre.
Ces pratiques privent les populations africaines de ressources essentielles. L’argent qui devrait financer l’éducation disparaît. Les budgets de santé s’amenuisent également. Les politiques publiques manquent cruellement de moyens. Par conséquent, le développement du continent ralentit considérablement.
Comment ces flux illicites opèrent-ils concrètement ? Plusieurs méthodes sont utilisées par les fraudeurs. Les fausses facturations constituent la technique la plus répandue. L’évasion fiscale permet aussi de détourner des milliards. De plus, la manipulation des prix des matières premières génère d’énormes profits illégaux. Le secteur minier reste particulièrement touché par ces exportations non-déclarées.
L’Union africaine ne reste pas inactive face à ce pillage. Elle a créé une plateforme panafricaine de coopération. Plusieurs groupes de travail ont vu le jour. Leur objectif principal consiste à récupérer les avoirs volés à l’étranger. Ils doivent aussi mieux contrôler les secteurs sensibles.
Au niveau national, de nombreux pays africains ont réagi. Ils ont mis en place des Unités de renseignement financier. Des Unités fiscales spécialisées ont également été créées. Ces structures visent à détecter les transactions suspectes.
Cependant, ces efforts restent insuffisants selon l’Union africaine. Les institutions ne montrent pas assez d’efficacité. Plusieurs problèmes expliquent cette situation. D’abord, le manque de coordination entre les pays pose problème. Ensuite, la faiblesse des cadres juridiques limite l’action. L’application des lois demeure également défaillante. Enfin, la dépendance à des standards étrangers peu adaptés complique la lutte.
Les conflits actuels aggravent la situation. Le changement climatique mobilise également les budgets. Ces défis laissent moins de ressources au contrôle fiscal et douanier. La guerre en Ukraine favorise aussi les transactions opaques. Ces tensions mondiales expliquent partiellement l’augmentation de 76 % des flux financiers illégaux en 10 ans.
La CNUCED estime que 88,6 milliards de dollars, soit 3,7 % du PIB africain, quittent le continent sous forme de fuite illicite de capitaux chaque année. Ce montant représente une somme colossale pour l’économie africaine.
L’Afrique a besoin d’environ 200 milliards de dollars par an pour mettre en œuvre les Objectifs de développement durable. Or, la fuite des capitaux résultant des flux financiers illicites représente déjà près de la moitié de ce montant nécessaire.
Les conséquences dépassent les simples chiffres. Il faut envisager ces 88,6 milliards de dollars sous l’angle des opportunités de développement manquées, des moyens de subsistance perdus et de la pauvreté accrue, explique l’ONU.
Cette hémorragie financière touche tous les secteurs de l’économie africaine. Les industries extractives sont particulièrement visées. Elles représentent une part importante de ces flux illégaux. Les ressources naturelles du continent attirent les convoitises.
La lutte contre ce fléau nécessite une mobilisation générale. Les gouvernements africains doivent renforcer leur coopération. Les cadres juridiques demandent une révision profonde. L’application des lois doit devenir plus stricte. Seule une action coordonnée pourra stopper cette saignée financière.
L’avenir économique de l’Afrique dépend de cette bataille ; récupérer ces 50 000 milliards de francs CFA permettrait de transformer le continent. L’éducation, la santé et les infrastructures pourraient enfin bénéficier des financements nécessaires. Le développement durable deviendrait alors réalisable.