Une juge a ordonné le 3 septembre 2025 l’annulation du gel des financements imposé par l’administration Trump à Harvard, une victoire pour l’université devenue le symbole de la croisade du président contre une partie des universités américaines.
Depuis son retour à la Maison Blanche en janvier dernier, Donald Trump accuse la doyenne des universités américaines de servir de vivier à l’idéologie « woke », un terme souvent détourné par les conservateurs pour qualifier de manière péjorative des idées progressistes.
Il l’accuse également de ne pas avoir protégé suffisamment ses étudiants juifs ou israéliens lors de manifestations sur le campus pour un cessez-le-feu dans la bande de Gaza.
En représailles, son gouvernement a retiré à Harvard un peu plus de 2,6 milliards de dollars en subventions fédérales, y compris dans le domaine de la santé, et a révoqué sa certification SEVIS, principal système par lequel les étudiants étrangers sont autorisés à étudier aux Etats-Unis.
Saisie d’un recours par l’université, la juge fédérale de Boston Allison Burroughs « annule et écarte » les décisions de gel prises par l’administration, les estimant constitutifs d’une « violation du premier amendement » de la Constitution, selon le texte de son ordonnance.
Procédure test
Elle note en outre dans sa décision que « l’antisémitisme, comme d’autres formes de discrimination ou de préjugé, est intolérable. Et il est clair, de l’aveu même de Harvard, que l’université a été en proie à l’antisémitisme ces dernières années et aurait pu (et dû) mieux traiter ce problème ».
Mais en « réalité, il existe peu de lien entre les domaines de recherches affectés par les gels de subventions et l’antisémitisme », poursuit le texte.
Elle accuse au contraire l’administration d’avoir « utilisé l’antisémitisme comme écran de fumée pour mener une attaque ciblée et idéologiquement motivée contre les universités les plus prestigieuses du pays ».
Cette décision judiciaire est encore susceptible d’appel.
La bataille judiciaire entre l’université, l’une des plus prestigieuses au monde établie près de Boston, dans le Massachusetts (nord-est) sert aussi de test pour d’autres institutions d’enseignement supérieur dans la mire du gouvernement Trump comme par exemple Columbia, à New York.
Au moment où s’ouvrait une première audience à Boston, Donald Trump avait accusé la juge Allison Burroughs d’être une opposante notoire et Harvard « d’être antisémite, antichrétienne et anti-Amérique« .
L’université affirme de son côté avoir pris des mesures pour s’assurer que les étudiants et le personnel juifs ou israéliens ne se sentent ni exclus, ni intimidés sur le campus, tout en soutenant que des mesures du gouvernement fédéral « menaçaient » les libertés d’expression et académique.
En sus du gel des subventions qui frappe Harvard, le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio a annoncé fin juillet l’ouverture d’une enquête pour savoir si l’université se conformait à « toutes les réglementations » en matière d’échanges avec des universités étrangères.
« Le peuple américain est en droit d’attendre de ses universités qu’elles veillent à la sécurité nationale, qu’elles respectent la loi et qu’elles offrent un environnement sûr à tous les étudiants », a-t-il affirmé dans un communiqué.
Avec AFP