La sortie du francs CFA, une mauvaise idée pour l’AES ?

AES milliards

Crédit Photo : Collage L-Frii

Concernant le franc CFA, l’annonce faite par le président nigérien Abdourahamane Tiani le 11 février marque une nouvelle étape dans le bras de fer entre l’Alliance des États du Sahel (AES) et la CEDEAO.

Les dirigeants du Mali, du Burkina Faso et du Niger semblent déterminés à concrétiser leur projet de monnaie commune, synonyme de sortie du franc CFA.

« La monnaie, c’est un signe de souveraineté. Nous sommes engagés dans un processus de recouvrement de notre souveraineté totale », a déclaré Abdourahamane Tiani à la télévision nigérienne.

Une façon de confirmer la volonté affichée fin janvier par l’AES de rompre « sans délai » avec la CEDEAO et par corrélation avec le franc CFA.

L’abandon du franc CFA par l’AES ; bonne ou mauvaise idée ?

L’abandon du franc CFA, perçu comme un instrument néocolonial par ses détracteurs, répond à un souci d’émancipation pour ces régimes issus de coups d’État militaires.

Mais la marche vers une monnaie commune sera semée d’embûches.

Certes, la clause de retrait des accords de coopération monétaire avec la France permettrait une transition rapide, souligne l’économiste malien Modibo Mao Makalou.

Pour autant, les défis techniques et économiques demeurent immenses. Il faudra fixer un taux de change, créer une banque centrale commune, harmoniser les politiques budgétaires…

Surtout, les conséquences pour les populations inquiètent. Dévaluations, hausse des prix, fuite des capitaux… Les exemples du Nigéria ou du Ghana montrent les turbulences traversées lors de changements monétaires.

Or les économies fragiles du Sahel, très dépendantes des importations, sont vulnérables à l’inflation et aux pénuries.

La transition devra être progressive et accompagnée pour éviter un chaos social, préviennent les experts.

L’incertitude règne aussi sur l’accès futur au crédit et à l’aide internationale, dans un contexte sécuritaire explosif. Les partenaires étrangers acceptent-ils de financer des États en rupture avec les institutions ouest-africaines ?

L’annonce d’une monnaie unique relève donc d’un pari risqué. Pour les juntes militaires, elle est essentiellement un message politique fort adressé à la CEDEAO.

Mais cette fuite en avant pourrait se faire au prix de lourds sacrifices économiques et sociaux pour des populations déjà meurtries.

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