La République démocratique du Congo (RDC ou RD Congo) vient de frapper une partie du portefeuille de la Chine. Le pays a en effet annoncé suspendre les opérations d’une mine chinoise.
La décision est tombée vendredi 7 novembre 2025, après qu’un déversement d’effluents industriels a contaminé plusieurs quartiers de Lubumbashi. Le ministre des Mines Louis Watum Kabamba s’est rendu sur place aux premières heures de la matinée. Le constat était sans appel.
Congo Dongfang International Mining, filiale du géant chinois Zhejiang Huayou Cobalt, exploite du cuivre et du cobalt dans la province du Haut-Katanga.
Le bassin de rejet de la société ne respecte aucune norme internationale de sécurité ni d’étanchéité. Les eaux polluées se sont répandues dans les zones résidentielles environnantes. Les habitants font face à des risques sanitaires graves, selon les autorités congolaises.
La suspension s’étend sur trois mois. Elle peut être prolongée si nécessaire. Le ministre Watum a précisé sur X les conditions à remplir pour une reprise d’activité.
« CDM doit réparer intégralement les dommages environnementaux, assurer la rémunération de son personnel, indemniser les populations affectées et se conformer strictement aux exigences du Code minier », a-t-il déclaré. Une enquête sera menée sur l’incident.
Cette sanction touche un acteur important de la chaîne d’approvisionnement mondiale en cobalt. Le Congo produit plus de 70 % du cobalt extrait sur la planète, selon les estimations de l’industrie. Zhejiang Huayou Cobalt figure parmi les premiers raffineurs mondiaux de ce métal.
La société chinoise opère dans le pays depuis 2015, date à laquelle elle a acquis des droits miniers auprès de la Générale des Carrières et des Mines pour 52 millions de dollars. Elle a construit deux raffineries de cobalt dans la région de Luiswishi.
Enfin, le contexte politique complique la situation. Le gouvernement congolais a gelé les exportations de cobalt en février 2025 pour tenter de soutenir les cours. Les prix avaient chuté à des niveaux historiquement bas.
Les autorités ont levé l’interdiction le 16 octobre, en instaurant un système de quotas. Pourtant, les producteurs attendent toujours les autorisations gouvernementales pour reprendre les expéditions, selon des sources de l’industrie interrogées par Reuters le mois dernier.
Cette suspension intervient dans un climat de tension croissante autour des ressources minérales congolaises. Le président Félix Tshisekedi cherche à reprendre le contrôle des prix des matières premières. Les sociétés chinoises dominent largement l’extraction et le raffinage dans le pays. L’autoroute de 100 km reliant Kolwezi à Fungurume illustre cette présence : des usines et entrepôts de constructeurs pékinois, des fabricants d’équipements industriels du Shandong, des sidérurgistes de la province du Hebei jalonnent la route.
La firme chinoise emploie des milliers de travailleurs congolais. Le gel des activités pose donc la question du maintien des salaires pendant la période de suspension. Les compensations aux populations riveraines devront être évaluées. Les coûts de réparation environnementale restent à chiffrer. La mine de CDM contribue de manière significative à la production nationale de cobalt, bien que les volumes exacts demeurent confidentiels.
Les batteries électriques, les systèmes de défense et l’aérospatiale dépendent du cobalt congolais. La chaîne d’approvisionnement mondiale repose sur un nombre limité de sites d’extraction, tous concentrés dans le sud-est de la RDC.
La suspension d’un producteur, même temporaire, suscite des préoccupations chez les industriels. Les fabricants de véhicules électriques surveillent de près l’évolution de la situation. Certains envisagent déjà des sources alternatives ou des formules chimiques sans cobalt.