L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), chargée de surveiller le programme nucléaire iranien, se trouve dans l’impasse après la mort soudaine du président Ebrahim Raïssi.
Cette disparition inattendue remet en cause les discussions amorcées lors du récent voyage de Rafael Grossi, le directeur général de l’instance onusienne, à Téhéran.
Dans un rapport confidentiel entré entre les mains de nos confrères de l’AFP, M. Grossi exprime ses vives inquiétudes face aux ambitions nucléaires croissantes de l’Iran.
Téhéran multiplie en effet les déclarations controversées sur ses capacités à produire l’arme atomique, alimentant les craintes d’un changement de doctrine nucléaire.
Malgré ses dénégations, la République islamique détient désormais suffisamment d’uranium enrichi pour fabriquer trois bombes nucléaires selon les critères de l’AIEA.
Une situation d’autant plus préoccupante que le Moyen-Orient traverse une période de fortes tensions géopolitiques.
Après des discussions infructueuses, une impasse totale suite à la mort d’Ebrahim Raïssi
Au retour de sa visite en Iran début mai, M. Grossi réclamait des « résultats concrets » rapides pour sortir de l’impasse actuelle.
Mais le décès tragique d’Ebrahim Raïssi et de son ministre des Affaires étrangères a contraint Téhéran à suspendre les discussions, dans l’attente d’un nouveau gouvernement après l’élection présidentielle du 28 juin.
Dans cette période d’incertitude, l’Iran poursuit l’enrichissement de son uranium bien au-delà des limites fixées par l’accord nucléaire de 2015.
Les dernières données de l’AIEA font état de stocks d’uranium enrichi 30 fois supérieurs au plafond autorisé, avec des niveaux d’enrichissement frôlant le seuil requis pour l’armement.
Appels occidentaux à des sanctions, avertissements américains
Face à cette escalade iranienne et au blocage des inspections, les Européens réclament de nouvelles sanctions lors du prochain Conseil des gouverneurs de l’AIEA. Mais les États-Unis, soucieux d’éviter une nouvelle crise avant leur élection, temporisent.
Pour l’experte Kelsey Davenport, il est « grand temps d’agir » avant que l’Iran n’acquière la bombe nucléaire.
Elle appelle Washington à faire une « offre » incluant un allègement des sanctions, seul moyen selon elle de désamorcer les tensions et d’éviter une prolifération nucléaire au Moyen-Orient.
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