Certes, l’Europe n’est pas directement impliquée dans le conflit entre l’Iran et Israël. Néanmoins, le vieux continent commence à en sentir les effluves. C’est notamment le cas sur le plan économique.
Les Bourses européennes ont en effet cédé du terrain et le pétrole grimpait jeudi, dans un marché préoccupé par la possibilité que les États-Unis entrent en guerre contre l’Iran, aux côtés d’Israël.
En Europe, la Bourse de Paris a perdu 1,34 %, Francfort 1,12 % et Milan 1,21 %. Londres a cédé 0,58 %.
Sur le marché du pétrole, le baril de Brent de la mer du Nord progressait vers 15H50 GMT de 2,94 % à 77,35 dollars. Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate, gagnait 2,58 % à 78,68 dollars.
Cela stimulait les entreprises du secteur. BP a avancé ainsi de 1,67 %, Shell de 1,16 %, TotalEnergies de 2,14 % et Repsol de 2,32 %.
« Les marchés manquent de catalyseurs haussiers, dans un contexte de risques importants liés à la géopolitique », explique à l’AFP Jeanne Asseraf-Biton, directrice de recherche et stratégie chez BFT.
« La confusion règne quant à l’implication potentielle des États-Unis », commente Jim Reid, économiste de Deutsche Bank.
Au septième jour de la guerre, l’armée israélienne a dit avoir frappé des dizaines de sites en Iran, dont un « réacteur nucléaire inachevé » à Arak et « un site de développement d’armes nucléaires à Natanz », dans le centre du pays.
Le président américain Donald Trump, allié d’Israël, n’a pas exclu une entrée en guerre des États-Unis pour briser le programme nucléaire de l’Iran, accusé malgré ses démentis de chercher à fabriquer l’arme atomique.
« Je vais peut-être le faire, peut-être pas », a-t-il lancé mercredi, affirmant que Téhéran était entré en contact avec Washington pour négocier, mais que sa patience était « déjà à bout ».
« Ce n’est pas le genre de propos dont les investisseurs ont besoin », alors qu’une implication américaine « marquerait une escalade dangereuse et alimenterait davantage les prix du pétrole, déjà tendus », estime Fawad Razaqzada, analyste de marchés pour City Index.
Wall Street est fermé jeudi en raison d’un jour férié aux États-Unis. La Bourse de New York a fini en léger retrait mercredi.
Conflit entre l’Iran et Israël : les banques centrales en Europe en focus
« Le marché digère également une nouvelle série de décisions des banques centrales » et c’est la Réserve fédérale (Fed) qui a « donné le coup d’envoi mercredi soir », poursuit Kathleen Brooks, directrice de la recherche économique de XTB.
La Fed a décidé, sans surprise, de laisser ses taux d’intérêt inchangés pour la quatrième fois de suite, dans une fourchette comprise entre 4,25 % et 4,50 %.
« C’est une décision qui était attendue. La Fed n’est pas dans l’urgence. Elle n’avait aucune raison de bouger, alors qu’il y a encore du chemin à faire pour ralentir l’inflation et que le marché de l’emploi ne se détériore pas », selon Jeanne Asseraf-Biton.
Lors de la réunion, les responsables de la Fed ont toutefois abaissé leurs prévisions économiques pour les États-Unis : ils attendent désormais une croissance du produit intérieur brut (PIB) à 1,4 % en 2025, contre 1,7 % prévu en mars et 2,1 % en décembre 2024. Ils prévoient également une accélération de l’inflation à 3 %, contre 2,7 % en mars, et alors même que la Fed vise 2 %.
La Banque d’Angleterre a elle, sans surprise non plus, annoncé jeudi maintenir son taux directeur à 4,25 %, jouant la prudence face aux incertitudes liées aux droits de douane de Donald Trump et à la guerre au Moyen-Orient.
En Suisse, la Banque nationale (BNS) a abaissé son taux directeur à 0 %, comme anticipé par le marché.
Côté change, le franc suisse s’échangeait à 0,8187 franc pour un dollar (+0,05 %), la monnaie unique à 1,1468 dollar pour un euro (-0,13 %) et la livre à 1,3432 dollar pour une livre sterling (+0,10 %).