La France reste en Afrique ; voici sa nouvelle stratégie militaire

La nouvelle stratégie militaire de la France en Afrique

Crédit photo : DR

Sur le plan militaire, la France est-elle encore la bienvenue en Afrique de l’Ouest et du Centre ? La semaine dernière, l’armée française a fini de faire ses cartons au Sénégal.

En effet, le retrait du Sénégal débuté en mars dernier, a officiellement pris fin avec une restitution des dernières installations militaires françaises.

Ce retrait marque aussi la fin d’une époque. Celle de la fin de la présence d’une base permanente française en Afrique de l’Ouest et du Centre.

La France ne s’y attendait pas. Les Coups d’Etat dans la sous-région ont fait naître un élan souverainiste. Désormais, c’est l’Afrique d’abord.

Les nouveaux régimes militaires ont demandé le départ de l’armée française. Aussitôt dit, aussitôt fait. La France a dû plier bagage de façon plus ou moins contrainte ou précipitée, du Mali, du Burkina Faso, du Niger, du Tchad et du Gabon.

Désormais, la France qui disposait de plusieurs milliers d’hommes sur le continent, veut changer son fusil d’épaule en Afrique de l’Ouest et du centre.

La France ne veut pas rompre pas avec l’Afrique, mais elle va revoir sa stratégie. « Il n’est pas question d’arrêter de travailler avec nos partenaires en Afrique », a déclaré le Général Pascal Ianni, à la tête du commandement de l’armée française en Afrique le 19 juillet 2025 sur France 24.

Pourquoi au lieu de rompre avec l’Afrique, la France pense à une nouvelle stratégie ?

Invité dans l’émission « Au cœur de l’info », le Général Pascal Ianni a expliqué ce qui motivait la nouvelle stratégie militaire de la France en Afrique.

Pour lui, la France et l’Afrique ont les mêmes intérêts. « Pourquoi est-ce que l’armée française doit rester en Afrique ? On constate qu’on est confronté à des enjeux communs », a-t-il répondu.

Il détaille les enjeux : « Le premier, c’est un enjeu sécuritaire : le terrorisme. On voit que depuis le phénomène terroriste explose.

Il y a un autre enjeu qui est lié à l’explosion du trafic. Je pense au trafic de drogue, au trafic migratoire et au trafic humain. On a un enjeu sur les conséquences du changement climatique ».

« Il y a donc des problématiques communes et nos partenaires africains nous demandent de travailler avec eux. Et nous, on a intérêt à travailler avec eux.

Donc, il n’est pas question de rompre, il est question de travailler avec nos partenaires africains, mais de le faire différemment », a-t-il ajouté.

Comment la France va « travailler différemment » avec l’Afrique ?

La France ne veut plus s’établir sur le sol africain. Elle continuera d’intervenir en Afrique, mais ses militaires se déplaceront uniquement pour une mission et repartiront à la fin.

« Aujourd’hui, toutes les missions que nous ferons en Afrique, elles se feront à partir de France. Et ça sera des unités qui iront remplir une mission dans un cadre et espace donné.

Une fois que la mission est remplie, il rentre en France », a expliqué le Général.

Voilà donc la nouvelle stratégie française pour « s’adapter à l’évolution du contexte géopolitique et sécuritaire en Afrique ». 

Cette nouvelle stratégie française sera-t-elle acceptée en Afrique ? Qu’en est-il de l’émergence du sentiment anti-français sur le continent ?

Selon le Général Pascal Ianni, « le sentiment anti-français a été amplifié sur les réseaux sociaux » par la Russie. « Mais aujourd’hui, on ne voit pas ce sentiment s’accroître ».

« Nous sommes dans une guerre informationnelle contre certains de nos compétiteurs en particulier contre la Russie qui ne s’en cache pas d’ailleurs. Elle a fait de la présence française en Afrique l’une de ses cibles », a-t-il expliqué.

Couper l’herbe sous le pied de la Russie

Selon le Général, la Russie a utilisé la présence militaire française en Afrique pour discréditer la France sur le continent.

« Le dispositif tel qu’il existait depuis des décennies avait apporté beaucoup de choses aux armées françaises et à nos capacités d’intervention.

Mais on s’était rendu compte qu’il n’était plus adapté aux réalités actuelles africaines. Les bases militaires françaises étaient devenues un levier pour nos adversaires en particulier dans le champ informationnel sous l’angle de l’atteinte à la souveraineté et de l’ingérence.

On est parti du principe qu’on était confronté à des enjeux communs avec nos partenaires africains. Il n’était pas question d’arrêter de travailler avec eux. 

D’ailleurs, ils nous demandent de continuer de travailler avec eux. Il fallait qu’on adapte nos modes d’action et qu’on agisse différemment…

En enlevant les bases militaires, on ne peut plus être accusé d’ingérence », a déclaré le Général Pascal Ianni.

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