La France met un coup de pression à l’Algérie ; une réduction du nombre de visas…

Algérie-France : une paix fragile après des tensions diplomatiques

Crédits photo : Collage L-Frii Media

Les relations entre la France et l’Algérie se retrouvent encore plus tendues qu’à l’accoutumée. La raison : le pays maghrébin fait face à un coup de pression en provenance de l’hexagone.

En effet, après une attaque au couteau perpétrée à Mulhouse par un ressortissant algérien ayant fait un mort et cinq blessés, Paris n’a pas hésité avant de hausser le ton face au refus d’Alger de reprendre son ressortissant malgré dix demandes préalables.

« Inacceptable », a tranché, ce 24 février 2025, le Premier ministre François Bayrou concernant l’attitude des autorités algériennes.

L’assaillant, un homme de 37 ans arrivé illégalement en France en 2014 selon le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, venait de purger une peine pour apologie du terrorisme.

« Imaginez la situation si elle était inversée », a insisté le chef du gouvernement français, promettant de « prendre les décisions pour que le gouvernement et les pouvoirs publics algériens comprennent quelle est la détermination de la France ».

Cette fermeté affichée devrait se concrétiser dès mercredi lors d’un conseil interministériel de contrôle de l’immigration, où la question algérienne s’imposera comme centrale.

Les mesures envisagées par la France contre l’Algérie

Parmi les mesures de rétorsion évoquées par la porte-parole du gouvernement Sophie Primas figurent une réduction du nombre de visas et des restrictions ciblant « un certain nombre de personnes importantes dans les relations franco-algériennes ».

Le député du parti présidentiel David Amiel a quant à lui préconisé de « remettre en cause l’accord de 2007 » permettant aux dignitaires algériens de se rendre en France sans visa, visant ainsi « la nomenklatura algérienne, pas les citoyens ordinaires ».

Cette crise révèle également des tensions au sein même de l’exécutif français.

Quand Bruno Retailleau prône « le rapport de force » avec Alger, le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot tempère en rappelant que « la diplomatie, c’est toute une palette d’outils » et que l’objectif reste « la sécurité des Français, ce n’est pas le rapport de force pour le rapport de force ».

Une dissonance que François Bayrou s’est empressé de minimiser en affirmant que « le gouvernement français est un » et « n’a qu’une ligne », alors même qu’Emmanuel Macron garde pour l’heure le silence sur ce dossier.

Cette escalade s’inscrit dans une détérioration progressive des relations franco-algériennes amorcée depuis l’été 2024, lorsque Paris a apporté son soutien au plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental, territoire disputé.

La tension s’est encore accrue avec la détention en Algérie de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal et l’arrestation en France de plusieurs influenceurs algériens pour apologie de la violence.

Le déplacement prévu du président du Sénat Gérard Larcher au Sahara occidental ce mardi 25 février 2025 risque d’attiser davantage la colère d’Alger. Tout comme les récentes poursuites judiciaires en France contre l’influenceur algérien Boualem Naman, pour lequel six mois de prison avec sursis ont été requis après des appels à la violence sur les réseaux sociaux.

Dans ce contexte tendu, l’extrême droite française, par la voix de Jordan Bardella, président du Rassemblement national, pousse à la surenchère en réclamant « un bras de fer diplomatique avec Alger » et en déplorant « une humiliation » de la France, suggérant des mesures radicales comme la fin des visas ou du suivi médical des dirigeants algériens en France.

Cette crise diplomatique franco-algérienne, loin d’être la première entre les deux pays, s’annonce particulièrement complexe à désamorcer tant elle mobilise des enjeux sécuritaires, migratoires et géopolitiques au moment où la région nord-africaine connaît d’importantes reconfigurations stratégiques.

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