La famine menace plusieurs zones du sud de Khartoum, la capitale soudanaise, a averti ce mardi 10 juin 2025, le Programme alimentaire mondial (PAM), appelant à une réponse internationale immédiate.
Le PAM a constaté des niveaux « sévères » de faim à Djebel Aulia, une ville située à environ 40 kilomètres au sud de Khartoum, explique Laurent Bukera, directeur de l’organisation au Soudan, par visioconférence de Port-Soudan, lors du briefing régulier de l’ONU à Genève.
« Les besoins sont immenses », souligne M. Bukera après son retour de l’État de Khartoum, où le PAM a ouvert une nouvelle antenne à Omdurman, ville jumelle de Karthoum sur le rivage opposé du Nil. « Les besoins sont immenses », note le responsable.
« Nous avons vu des destructions généralisées, un accès limité à l’eau, aux soins de santé et à l’électricité, ainsi qu’une épidémie de choléra. Dans certaines parties de la ville, la vie reprend mais de nombreux quartiers restent abandonnés, comme une ville fantôme », raconte t-il.
« Plusieurs zones au sud de la ville se trouvent face à un haut risque de famine », précise t-il.
Il exhorte, la communauté internationale à « agir immédiatement en augmentant les financements pour stopper la famine dans les zones les plus touchées et en investissant dans la reconstruction du Soudan ».
L’armée régulière soudanaise et les Forces de Soutien Rapide paramilitaires sont engagées dans une lutte pour le pouvoir depuis avril 2023. Les FSR ont perdu le contrôle de Khartoum en mars.
« Le niveau de faim, de misère et de désespoir » constaté à Djebel Aulia est « sévère, et confirme le risque de famine ».
Depuis la mi-avril 2023, la guerre civile qui déchire le pays a fait des dizaines de milliers de morts et provoqué la plus grave crise humanitaire dans le monde, selon l’ONU.
M. Bukera a mis en garde qu’avec le retour des déplacés dans des zones fortement endommagées comme Khartoum, la pression sur les ressources qui sont déjà sur sollicitées, va s’intensifier.
Une situation qui « inquiète profondément » le PAM qui estime qu’il est « crucial et urgent » de répondre aux besoins élémentaires de la population, notamment les besoins en nourriture.
La famine a été déclarée dans cinq zones à travers le Soudan, y compris trois camps de déplacés près d’El-Facher dans le sud-ouest.
L’ONU n’a pas été en mesure de déclarer officiellement la famine à El-Facher, la dernière capitale régionale du Darfour à ne pas être tombée aux mains des FSR, faute de données fiables, ce qui ne veut pas dire que les gens n’y meurent pas déjà de malnutrition.
À travers le pays, près de 25 millions de personnes souffrent d’une insécurité alimentaire grave.
Avec AFP