La durée hebdomadaire de travail passe de 40 à 37,5 heures dans ce pays

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Crédits photo : Pexels / ClickerHappy

En Espagne, la durée légale de travail ne va plus être de 40 heures par semaine, mais bel et bien de 37,5 heures par semaine.

En effet, après un an de délicates tractations, le gouvernement espagnol a donné son feu vert mardi à la réduction du temps de travail de 40 à 37,5 heures hebdomadaires, sans garantie à ce stade d’avoir une majorité au Parlement pour valider ce projet de loi.

« C’est un jour historique », a salué la ministre du Travail Yolanda Diaz, figure du parti d’extrême gauche Sumar, en rappelant que la durée légale de la semaine de travail en Espagne n’avait pas été modifiée depuis « 41 ans ».

« La réduction de la journée de travail va améliorer la productivité dans notre pays (…) Cela ne sert à rien de passer des heures et des heures au travail, il s’agit d’être efficaces », a insisté après le conseil des ministres Mme Diaz, chargée de piloter cette réforme phare du gouvernement de Pedro Sánchez.

Dans leur programme commun scellé en octobre 2023, Sumar et le parti socialiste espagnol (PSOE) s’étaient engagés à ramener à 37,5 heures la durée légale du temps de travail hebdomadaire d’ici au 31 décembre 2025, sans perte de salaire pour les personnes concernées.

Cette réduction, selon l’exécutif, doit concerner 12 millions de salariés du privé, principalement dans les secteurs du commerce, de la restauration ou de l’agriculture – les 37,5 heures étant déjà appliquées dans la fonction publique et dans la plupart des grandes entreprises.

Hostilité du patronat sur la question de la durée de travail

Le texte adopté mardi résulte d’un accord signé le 20 décembre avec les deux principaux syndicats de salariés, UGT et CCOO, mais sans les organisations patronales, qui avaient décidé mi-novembre de quitter la table des négociations, après onze mois de réunions infructueuses.

Ces dernières s’inquiètent de l’impact de la réforme sur la compétitivité espagnole. Elles estiment que tous les secteurs d’activité ne sont pas logés à la même enseigne et qu’une baisse généralisée du temps de travail pourrait fragiliser les petites entreprises.

Pour compenser le surcoût lié à la réforme, les chefs d’entreprise risquent d’« augmenter les prix », a assuré mardi Antonio Garamendi, président de la confédération patronale CEOE, pour qui le marché du travail espagnol « commence à montrer des signes de fragilité ».

La réduction du temps de travail doit se faire « secteur par secteur, territoire par territoire » et non « via une loi », a insisté Lorenzo Amor, président de l’Association des travailleurs indépendants (ATA), en évoquant un surcoût de 21 à 24 milliards d’euros pour les entreprises concernées.

Des craintes évacuées par Yolanda Diaz, qui a insisté mardi sur la solidité de l’économie espagnole, où le PIB a progressé de 3,2% l’an dernier.

« Nous avons plus d’emplois que jamais et plus de croissance économique que jamais », a-t-elle insisté, jugeant nécessaire de « moderniser » le pays.

« Ils devront négocier »

Au-delà des milieux économiques, le principal défi pour le gouvernement Sánchez, qui ne dispose pas de la majorité absolue à la chambre des députés, va consister à convaincre au cours des prochaines semaines ses partenaires parlementaires du bien-fondé de la réforme.

Le projet de loi sur le temps de travail se heurte en effet aux réticences du Parti nationaliste basque (PNV) mais aussi et surtout des indépendantistes catalans de Junts per Catalunya (JxCat), deux formations alliées de l’exécutif mais réputées proches des milieux économiques.

« S’ils veulent compter sur notre soutien, ils devront négocier », a prévenu le porte-parole de Junts, Josep Rius, en rappelant que le projet de loi n’était pas « consensuel » et avait fait l’objet d’une bras de fer entre Sumar et les socialistes. « Nous serons très, très attentifs », a-t-il ajouté.

« Nous avons engagé cette négociation parlementaire dont nous savons qu’elle ne sera pas facile », mais « nous allons faire tous les efforts nécessaires pour parvenir à un accord le plus rapidement possible », a promis mardi le ministre de l’Economie Carlos Cuerpo.

Un message appuyé par Yolanda Diaz, qui a appelé l’ensemble des partis à voter la mesure – soutenue par 68% des Espagnols selon un sondage publié par la chaîne de télévision La Sexta. « Quand une mesure est adoubée par la rue, il est difficile de trouver des raisons pour la bloquer », a-t-elle jugée.

© Agence France-Presse

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