La Côte d’Ivoire vient de recevoir une fois de plus le soutien de la Banque mondiale. Concrètement, Abidjan a accueilli ce mardi 16 décembre 2025 la remise de certificats à cent vingt jeunes professionnels. Ces diplômés du PAGDS quittent désormais les salles de formation pour entrer dans la chaîne opérationnelle des projets publics. Le Projet d’amélioration de la gouvernance pour la délivrance des services de base aux citoyens arrive à échéance fin décembre, mais les banquiers n’ont pas fini avec Abidjan.
Marie-Chantal Uwanyiligira dirige les opérations de la Banque mondiale dans le pays. Devant les familles et les nouveaux certifiés réunis au ministère des Finances, elle a rappelé son attachement personnel au terrain ivoirien. « Je me sens chez moi en Côte d’Ivoire et tout ce que je peux faire pour faire la différence, je le ferai sans hésiter », a-t-elle affirmé. La responsable a ensuite précisé que son institution fait désormais de l’emploi une boussole, notamment à travers des formations orientées vers les besoins du marché.
Derrière ces paroles, une réalité chiffrée. Le portefeuille de la Banque mondiale compte actuellement vingt-trois projets actifs en Côte d’Ivoire, pour un volume financier de 4,33 milliards de dollars, soit environ 2 598 milliards de francs CFA. Le PAGDS représente une fraction de cette enveloppe, mais il incarne une méthode. Enfin, une méthode qui mise sur la compétence technique plutôt que sur les diplômes généraux.
La directrice des opérations a insisté sur le lien entre qualification et réduction de la pauvreté. Selon elle, l’éducation ne suffit plus si elle ne débouche pas sur des compétences recherchées par les employeurs. Les cent vingt jeunes qui ont reçu leurs attestations maîtrisent désormais les procédures de passation des marchés, la gestion financière, le suivi-évaluation, ainsi que la gestion environnementale et sociale. Autant de domaines techniques qui structurent l’exécution des projets publics.
Le cabinet Setym International a assuré cette formation de plusieurs semaines, dans le respect des standards imposés par Washington. Ces normes visent à harmoniser les pratiques dans les pays bénéficiaires et à garantir une transparence dans l’utilisation des fonds. Bref, une approche qui ne laisse rien au hasard.
Yao Madeleine coordonne ce programme depuis son lancement. Elle a annoncé la poursuite du projet malgré l’échéance du 31 décembre. « La procédure pour une deuxième phase est déjà engagée parce que la Banque mondiale croit en ce projet et en son potentiel », a-t-elle expliqué. La Banque mondiale a d’ailleurs confirmé sa volonté de transformer ce dispositif ponctuel en programme durable, axé sur la mobilisation des ressources domestiques et l’efficacité des finances publiques.
Le ministère des Finances, représenté par son directeur de cabinet adjoint Vassogbo Bamba, a salué cette continuité. « Les résultats que nous voyons aujourd’hui ne sont pas des mots, ce sont des actions qui touchent directement les populations », a rappelé Marie-Chantal Uwanyiligira. Elle a exhorté les jeunes diplômés à la persévérance, leur demandant de ne jamais laisser personne leur dire qu’ils ne peuvent pas réussir.
Cette cérémonie s’inscrit dans une dynamique plus vaste. Depuis 2013, le gouvernement ivoirien renforce les capacités de ses agents dans la gestion des projets publics. Le PAGDS, financé selon le mécanisme « Program for Results » de la Banque mondiale, cible directement la délivrance de services de base : éducation, santé, services administratifs, inclusion financière. Les jeunes formés rejoindront les coordonnateurs de projets qui, selon les autorités, doivent désormais les recruter en priorité.
Le pari est simple : plus de performances entraînent plus de mobilisation de ressources, et inversement. La Banque mondiale accompagne cette logique en diversifiant ses interventions, de la distribution de manuels scolaires au renforcement des capacités douanières. Washington ne mise plus seulement sur les infrastructures, mais aussi sur les hommes qui les font fonctionner.