Engagée dans une nouvelle phase de valorisation de ses matières premières, la Côte d’Ivoire est passée à la vitesse supérieure dans la transformation du cacao.
Dans cette dynamique, le pays a inauguré en juin 2025 à Abidjan le complexe industriel « Transcao PK24 », fruit d’une volonté politique affirmée de renforcer le traitement local de sa production agricole. Dotée d’une capacité initiale de 100 000 tonnes de fèves transformées par an, cette infrastructure de pointe devrait doubler son rendement d’ici deux ans. Une montée en puissance qui rapproche déjà la Côte d’Ivoire de son objectif stratégique qui est de transformer localement 50 % de sa production de cacao d’ici 2030.
En effet, après des décennies d’exportation de ses matières premières à l’état brut, la Côte d’Ivoire entend désormais tirer profit de toutes les étapes de la chaîne de transformation.
Que ce soit le cacao, le café, la noix de cajou, le coton et l’huile de palme sont tous concernés par cette ambition industrielle. Le complexe « Transcao PK24 », qui intègre également un centre de formation aux métiers du cacao, accompagne cette volonté de renforcer les compétences locales tout en affirmant la souveraineté économique du pays.
« Le complexe industriel Transcao PK24 est implantée sur une superficie de 21 hectares dans la zone industrielle d’Akoupé-Zeudji, à l’ouest d’Abidjan. Cette méga-usine a été inaugurée le 26 juin 2025 par le vice-président de la République, Tiémoko Meyliet Koné », selon les médias locaux.
D’après Yves Brahima Koné, directeur général du Conseil Café-Cacao, l’entreprise a été dimensionnée pour transformer 100 000 tonnes de fèves de cacao par an, une capacité qui pourrait atteindre 210 000 tonnes dans les deux prochaines années grâce à l’extension des lignes de production.
L’usine dispose également d’un entrepôt capable de stocker 160 000 tonnes, des bâtiments administratifs et un centre de formation consacré aux métiers du cacao et du chocolat.
Pour Adjoumani Kouassi, ministre de l’Agriculture, du Développement rural et des Productions vivrières, cette infrastructure représente une « transformation structurelle de l’économie par le renforcement du lien entre la production, la transformation et la consommation ».
Cette initiative s’inscrit dans l’ambition exprimée par le gouvernement de bâtir une filière locale complète du cacao. L’objectif affiché est de transformer sur place au moins 50 % de la production nationale d’ici 2030.
Le pays, qui jusque-là occupe la première place mondiale en matière de production de cacao, a déjà fait progresser le taux de transformation de 28,5 % en 2016 et à 38,5 % en 2023. Avec l’apport de « Transcao PK24 », les capacités de broyage ont franchi le cap du million de tonnes pour une production annuelle de deux millions de tonnes.
Dans la continuité de sa politique de transformation locale, l’État ivoirien a misé sur la structuration d’une filière nationale de produits finis à base de cacao, allant du chocolat aux cosmétiques, en conformité avec les standards internationaux. Cette orientation a été incarnée notamment par le centre de formation de « Transcao PK24 », que le ministre Adjoumani Kouassi a décrit comme « un catalyseur de changement ». Il s’est réjoui en ces termes : « en formant des professionnels compétents et engagés dans la promotion de la consommation locale et sous-régionale, nous assurons ainsi un avenir durable pour la filière cacao ».
L’approche adoptée par le gouvernement vise à transformer les matières premières sur place, afin de maximiser les bénéfices économiques, industriels et sociaux pour le pays. La Côte d’Ivoire cherche ainsi à tirer le meilleur parti de ses ressources agricoles (cacao, café, coton, noix de cajou, huile de palme) en développant une industrie capable de capturer l’essentiel de la valeur ajoutée.
Pendant des décennies, l’exportation brute a été la norme. Aujourd’hui, cette pratique a cédé la place à une stratégie plus ambitieuse, fondée sur la montée en puissance d’un tissu agro-industriel local.
L’objectif fixé pour 2030 est clair : transformer localement au moins 50 % de la production nationale de cacao, de café, de coton et d’anacarde. Pour y parvenir, l’exécutif a mis en œuvre une série de mesures incitatives, combinant appui à la formation, accompagnement des investisseurs et amélioration du cadre réglementaire. Les résultats n’ont pas tardé à se faire sentir, entre 2014 et 2023, le taux de transformation du café est passé de 22 % à 34 %, et celui de l’anacarde de 6,7 % à 21,7 %, ce qui traduit une progression tangible de la transformation locale.
Cette dynamique s’est appuyée sur une volonté affirmée de valoriser la production nationale par la consommation intérieure. « La consommation locale est une voie royale pour booster la valeur ajoutée de nos matières premières et créer plus d’emplois en Côte d’Ivoire », a déclaré Adjoumani Kouassi lors des Journées nationales du producteur de coton et de l’anacarde (JNPCA), en début d’année 2025.
Ainsi, les résultats de cette politique se sont manifestés à travers des projets industriels majeurs comme « Transcao PK24 », mais aussi par une mobilisation croissante autour des producteurs, des incitations fiscales ciblées et des campagnes de sensibilisation auprès du grand public.
L’ensemble de ces actions a eu des retombées concrètes sur l’économie nationale à savoir : croissance du PIB, création d’emplois durables, augmentation des recettes fiscales et consolidation de la souveraineté économique et alimentaire.