La Côte d’Ivoire demande aux États-Unis des avions espions ; voici à quoi ils vont servir

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Crédits photo : Korii - Slate

La Côte d’Ivoire négocie avec les États-Unis le déploiement permanent d’appareils de reconnaissance, donc d’avions espions dans le nord du pays. La menace jihadiste dans le Sahel explique cette requête.

Les autorités ivoiriennes souhaitent obtenir de l’administration Trump le stationnement durable de deux avions espions américains sur leur territoire. Ces appareils serviraient à surveiller les mouvements des groupes jihadistes affiliés à Al-Qaïda qui opèrent depuis les pays voisins. Deux responsables ivoiriens de la sécurité, interrogés par Reuters, ont confirmé cette demande. La réponse de Washington est attendue en 2026.

L’un de ces responsables, spécialisé dans la lutte antiterroriste, a précisé qu’Abidjan et Washington s’entendaient sur les besoins sécuritaires régionaux. Seul le calendrier reste à fixer. Le Pentagone a déclaré ne prévoir aucune opération en Côte d’Ivoire pour le moment. Le département d’État américain a simplement affirmé : « Nous continuerons activement à poursuivre nos objectifs antiterroristes là où ils recoupent les intérêts américains. » Le ministère ivoirien de la Défense n’a pas répondu aux demandes de précisions.

Cette requête intervient après la perte par les États-Unis de leur base stratégique au Niger. En 2024, Niamey a préféré se tourner vers Moscou pour son assistance militaire et a expulsé les forces américaines d’une base de drones évaluée à 100 millions de dollars. Cette infrastructure fournissait des renseignements sur les groupes terroristes actifs au Sahel, une région qui a enregistré 3 885 décès liés au terrorisme l’an passé, soit la moitié du total mondial selon le Global Terrorism Index.

Le contexte sécuritaire au Sahel préoccupe également le Congrès américain. Jim Risch, sénateur républicain et président de la commission des affaires étrangères du Sénat, estime que les États-Unis ne peuvent ignorer le danger grandissant des groupes terroristes qui renforcent leur emprise sur la région. Trump lui-même a menacé le Nigeria d’une action militaire, accusant Abuja de négligence face aux attaques contre les chrétiens.

Washington avait brièvement redéployé deux avions de surveillance BE-350 sur une base ivoirienne après son départ du Niger, selon trois anciens responsables américains. Les appareils ont quitté le pays vers janvier 2025. Leur retrait s’expliquerait en partie par le refus du Mali, du Niger et du Burkina Faso d’autoriser les survols américains, rendant ces avions inutiles.

Enfin, des signes montrent que les relations entre Washington et certains pays sahéliens pourraient s’améliorer. Entre 2020 et 2023, des militaires au Mali, au Burkina Faso et au Niger ont renversé leurs gouvernements, accusant l’Occident d’avoir laissé les islamistes gagner du terrain.

Pourtant, la violence n’a fait que s’aggraver depuis. L’administration Trump a entamé des discussions avec Bamako. Rudolph Atallah, responsable de la lutte antiterroriste à la Maison Blanche, s’est rendu au Mali en juillet, évoquant un renforcement de la coopération. Peter Pham, ancien envoyé américain pour le Sahel, analyse : « C’est le début d’une reconstruction de la relation. » Les États-Unis ont fourni des renseignements ayant permis au Mali de frapper un chef insurgé après cette visite.

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