La famine désormais déclarée dans une zone du Soudan ravagé par la guerre, est une « tache honteuse » sur la conscience de la communauté internationale qui a « échoué » à l’empêcher malgré les mises en garde, a dénoncé l’ONU ce mardi 6 août 2024.
La semaine dernière, le comité international chargé d’évaluer l’insécurité alimentaire a déclaré la « famine » dans le camp de déplacés de Zamzam, près de la ville assiégée d’el-Facher, au Darfour.
« C’est la première fois que le comité confirme une famine depuis plus de sept ans et seulement la troisième fois depuis le début du système de surveillance lancé il y a 20 ans », a commenté Stephen Omollo, un responsable du Programme alimentaire mondial des Nations unies (PAM), lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU.
« Nous avions dit clairement que la famine était une possibilité réelle et dangereuse », « mais nos mises en garde n’ont pas été entendues », a-t-il lancé.
« Cette crise oubliée n’a pas reçu l’attention politique et diplomatique désespérément nécessaires », a-t-il dénoncé, espérant que la déclaration de la famine serve de « signal d’alarme pour la communauté internationale et pour les membres du Conseil ».
« Quand une famine se produit, cela veut dire que c’est trop tard. Cela veut dire que nous n’avons pas fait assez. Cela veut dire que nous, communauté internationale, avons échoué », a renchéri Edem Wosornu, du bureau humanitaire de l’ONU (Ocha). « C’est une crise entièrement créée par les humains, et une tache honteuse sur notre conscience collective ».
Une guerre oppose depuis avril 2023 l’armée, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) de son ex-adjoint, le général Mohamed Hamdane Daglo.
Le conflit a fait des dizaines de milliers de morts et provoqué le déplacement de plus de 10 millions de personnes, selon l’ONU.
« Un cessez-le-feu reste la seule solution durable qui empêchera la propagation de la famine. En attendant, nous avons un besoin urgent de l’aide du Conseil pour pouvoir travailler de façon efficace et sans ingérence », a insisté Stephen Omollo.
Les deux responsables onusiens ont notamment dénoncé les entraves imposées par les deux parties à l’accès de l’aide humanitaire et réclamé l’ouverture du point de passage frontalier d’Adre, entre le Tchad et le Darfour, fermé depuis plusieurs mois.
L’ambassadeur soudanais à l’ONU Al-Harith Idriss al-Harith Mohamed, rejetant les conclusions du rapport déclarant la famine, a reconnu une « situation humanitaire terrible », mais a accusé les FSR d’être responsables du blocage des convois humanitaires.
Alors que les Etats-Unis ont évoqué la création d’un mécanisme onusien pour permettre le passage de l’aide humanitaire à Adre, il a insisté sur la « souveraineté » du Soudan, notant que l’ouverture du point frontalier était uniquement du ressort de son gouvernement.
© AVEC AFP