La Chine vient d’annoncer un investissement massif de 3900 milliards dans les mines d’un pays africain.
Ce montant colossal de 7 milliards de dollars (ou l’équivalent de 3000 milliards de francs CFA) vise à développer l’extraction de titane au Malawi, puisque c’est de lui qu’il s’agit.
Cependant, plusieurs zones d’ombre entourent cet accord qui soulève de nombreuses questions.
Le 16 juin 2025, le gouvernement malawite a signé un protocole d’accord avec l’entreprise chinoise Hunan Sunwalk.
Cette signature s’est déroulée à Changsha, en Chine, lors du China-Africa Economic and Trade Expo. L’accord prévoit l’extraction de titane, la construction d’usines de transformation et des transferts de technologies. Le ministre des Mines malawite, Kenneth Zikhale Ng’oma, présente ce projet comme un tournant historique pour son pays.
Néanmoins, les détails de cet investissement restent flous. Les autorités n’ont pas précisé comment les 7 milliards de dollars seront répartis.
Il n’est pas clair s’il s’agit d’investissements directs ou d’infrastructures en échange de concessions minières. Cette somme représente pourtant un montant considérable pour l’économie malawite, dont le PIB reste modeste.
Par ailleurs, le profil de Hunan Sunwalk interroge les experts. Cette société chinoise privée opère principalement dans les télécommunications et l’aménagement urbain en Chine.
Elle n’est pas reconnue comme un acteur minier établi sur le continent africain. Son expérience dans l’extraction minière demeure donc limitée et peu documentée.
Le district de Salima est mentionné comme site potentiel d’exploitation. Cependant, cette zone abrite déjà d’autres projets miniers. L’entreprise australienne Sovereign Metals y développe une mine de graphite et de rutile.
Le rutile est un minerai essentiel pour la production de titane. Cette coexistence de projets pourrait créer des tensions ou des synergies selon les accords conclus.
Les réserves de titane du Malawi représentent effectivement un potentiel économique important. En avril 2025, le Malawi Investment and Trade Centre a estimé leur valeur théorique à plusieurs milliards de dollars.
Le titane est un métal stratégique utilisé dans l’aéronautique, l’automobile et les technologies médicales. Sa demande mondiale ne cesse de croître.
Actuellement, le secteur minier malawite ne représente qu’environ 1% du PIB national. Cette faible contribution contraste avec le potentiel géologique du pays.
La Banque mondiale estime que ce secteur pourrait générer jusqu’à 10% du PIB d’ici 2063. Cela nécessiterait toutefois des investissements massifs et une meilleure gouvernance.
Le Malawi fait face à plusieurs défis structurels. L’administration peine à contrôler les exportations minières. Le pays manque également de laboratoires accrédités pour analyser la qualité des minerais. Ces faiblesses institutionnelles compliquent le développement d’une industrie minière transparente et rentable.
D’autres projets miniers sont en cours dans le pays. L’australien Lotus Resources prépare la réouverture de la mine d’uranium Kayelekera.
Cette mine avait fonctionné entre 2009 et 2014 avant sa fermeture due à la chute des prix. Sa remise en service est prévue pour 2025, avec une production estimée à 19,3 millions de livres d’uranium sur dix ans.
Le contexte économique malawite reste fragile. Le FMI indique que la croissance du pays a ralenti à 1,8%. Plus de 20% de la population souffre d’insécurité alimentaire aiguë.
L’inflation atteint 29%, compliquant les conditions de vie des habitants. Dans ce contexte, les investissements chinois représentent un espoir mais aussi un risque.
L’accord avec Hunan Sunwalk suscite donc des attentes importantes. Sa réussite dépendra de la transparence des autorités malawites et de l’expérience réelle de l’entreprise chinoise.