Un pays d’Afrique va profiter du savoir de la Chine pour augmenter sa production de riz. En effet, l’accord de coopération récemment conclu entre l’État de Lagos au Nigéria et Yihai Kerry Arawana (YKA), filiale du groupe Wilmar International, marque un tournant significatif dans la stratégie agricole nigériane.
Cette alliance, annoncée le 5 septembre 2024, mérite une réflexion profonde pour en comprendre les implications à court et long terme sur l’économie agricole du pays et la sécurité alimentaire régionale.
Premièrement, cet accord révèle la volonté du Nigéria de réduire sa dépendance aux importations de riz, actuellement à 25% de sa consommation.
Cette démarche s’inscrit dans une tendance plus large observée en Afrique, où les pays cherchent à renforcer leur souveraineté alimentaire, que ce soit avec le riz ou d’autres denrées. L’implication de YKA, avec son expertise dans la production de riz en Chine depuis 2006, pourrait accélérer ce processus grâce à un transfert de technologies et de connaissances.
Cependant, cette collaboration soulève des questions sur l’équilibre entre développement local et influence étrangère. Si l’apport technique chinois est indéniable, il sera crucial d’évaluer comment cette expertise sera adaptée aux conditions locales et intégrée de manière durable dans les pratiques agricoles nigérianes.
L’analyse des chiffres révèle un défi majeur : l’usine d’Imota, avec sa capacité de traitement de 32 tonnes de paddy par heure, nécessite annuellement plus de 240 000 tonnes, alors que la production locale n’atteint que 90 000 tonnes. Cet écart souligne l’ampleur du défi à relever pour atteindre l’autosuffisance.
D’un point de vue économique, cette initiative pourrait avoir des répercussions significatives sur l’emploi local et le développement rural. Toutefois, il faudra surveiller attentivement la répartition des bénéfices le long de la chaîne de valeur pour s’assurer que les petits producteurs ne sont pas marginalisés au profit de grandes exploitations industrielles.
Sur le plan géopolitique, ce partenariat s’inscrit dans la stratégie d’influence croissante de la Chine en Afrique. Il illustre comment la Chine utilise son expertise agricole comme un outil de soft power, renforçant ses liens économiques avec le continent africain.
Si cette alliance offre des perspectives prometteuses pour la filière rizicole nigériane, son succès dépendra de la capacité à intégrer l’expertise étrangère tout en préservant et développant les compétences locales.
L’évolution de ce partenariat pourrait servir de modèle pour d’autres pays africains cherchant à moderniser leur agriculture, tout en soulevant des questions cruciales sur l’autonomie alimentaire et le développement durable.