La Belgique sort du silence après que le Rwanda a rompu les liens diplomatiques avec elle

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Crédits photo : Freepik / aranjuezmedina

La crise diplomatique entre le Rwanda et la Belgique a franchi un nouveau cap ce 17 mars 2025.

Après l’annonce fracassante de Kigali, rompant ses relations diplomatiques avec son ancienne puissance coloniale ce lundi 17 mars 2025, Bruxelles vient de sortir de son silence initial. Et la réplique belge s’avère tout aussi cinglante que l’attaque rwandaise.

« La Belgique regrette la décision du Rwanda de rompre les relations diplomatiques avec la Belgique et de déclarer nos diplomates persona non grata », a déclaré Maxime Prévot, vice-premier ministre belge, dans un message publié sur le réseau social X. Une réaction empreinte d’une retenue toute diplomatique, qui contraste avec les mesures de rétorsion annoncées dans la foulée.

Car si Bruxelles « regrette » la décision rwandaise, elle la qualifie également de « disproportionnée » et considère qu’elle « montre que lorsque nous sommes en désaccord avec le Rwanda, ce dernier préfère ne pas engager le dialogue ». Une manière à peine voilée de renvoyer à Kigali l’accusation d’intransigeance.

Et la Belgique ne s’arrête pas là : elle annonce des mesures symétriques, incluant la convocation du chargé d’affaires rwandais par intérim, l’expulsion des diplomates rwandais et la dénonciation des accords de coopération gouvernementale entre les deux pays.

Ce nouveau développement intervient moins de 24 heures après que le Rwanda a décrété la rupture « officielle et immédiate » de ses relations diplomatiques avec la Belgique.

Dans un communiqué au ton particulièrement acerbe, Kigali avait justifié sa décision par les « tentatives pitoyables de la Belgique de maintenir ses illusions néocoloniales ».

Le Rwanda avait notamment accusé son ancienne métropole d’avoir « constamment miné » ses intérêts, « bien avant et pendant le conflit en cours en République Démocratique du Congo », et d’avoir joué un « rôle historique destructeur dans la création de l’extrémisme ethnique » ayant conduit au génocide de 1994.

Cette escalade diplomatique s’inscrit dans un contexte régional hautement inflammable.

Fin janvier, après la prise de Goma par le M23 et les troupes rwandaises, Bruxelles avait demandé à l’Union européenne d’envisager des sanctions contre Kigali. Une initiative qui n’avait pas manqué d’irriter les autorités rwandaises, qui accusent désormais la Belgique de prendre « clairement parti dans un conflit régional » et de se mobiliser « systématiquement contre le Rwanda dans différents forums ».

Les conséquences économiques de cette rupture pourraient être significatives.

Selon l’International Trade Centre, les échanges commerciaux entre les deux pays s’élevaient à 126 millions de dollars en 2022.

Des intérêts désormais menacés par cette crise diplomatique sans précédent, qui pourrait également avoir des répercussions sur les relations entre le Rwanda et l’ensemble de l’Union européenne, dont la Belgique est un membre fondateur et influent.

Cette rupture brutale met un terme à des décennies de relations postcoloniales complexes entre les deux pays. Si ces relations ont été marquées par des tensions récurrentes, notamment autour de la mémoire du génocide et du rôle historique de la Belgique dans la région des Grands Lacs, elles n’avaient jamais atteint un tel degré d’hostilité.

La Belgique, qui a administré le Rwanda sous mandat de la Société des Nations puis de l’ONU entre 1916 et 1962, se retrouve aujourd’hui face à un ancien territoire qui rejette frontalement son influence et son héritage.

Dans l’immédiat, les diplomates belges, sommés de quitter le Rwanda dans un délai de 48 heures, préparent leur départ.

Kigali a néanmoins assuré que cette séparation se ferait dans le respect des conventions diplomatiques, spécialement en garantissant la protection des biens et archives de l’ambassade belge. Une garantie qui semble bien mince face à l’ampleur de la crise qui se profile. À Bruxelles comme à Kigali, l’heure est désormais aux calculs stratégiques.

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