Plusieurs centaines de médecins hospitaliers ont manifesté mardi dans la capitale kényane Nairobi, malgré l’interdiction des autorités, au 28e jour de leur mouvement de grève pour des revalorisations salariales et de meilleures conditions de travail, a constaté un journaliste de l’AFP.
Les 57 hôpitaux publics de ce pays d’Afrique de l’Est voient leur activité ralentie depuis près de quatre semaines par ce mouvement lancé par l’unique syndicat de médecins du Kenya (KMPDU), auquel s’est joint le syndicat des personnels soignants, hors infirmiers (KUCO).
Plusieurs centaines de praticiens, certains portant blouses blanches et charlottes sur la tête, ont défilé sous escorte policière de l’hôpital Kenyatta, le principal du pays, jusqu’au parlement en passant par le ministère de la Santé, dont ils ont bloqué les portes, a constaté un journaliste de l’AFP.
« On ne va pas se calmer de sitôt », prévenait une des banderoles brandies par les manifestants, qui ont également scandé « Solidarité pour toujours » et « Nos patients nous manquent ».
Le ministère de l’Intérieur avait interdit la manifestation, tenue dans le cadre d’une grève « illégale » allant contre une décision de justice.
Impasse
Un tribunal du travail de Nairobi a ordonné le 13 mars la suspension de la grève et l’ouverture de négociations, mais le mouvement s’est poursuivi. Ce tribunal a enjoint le 3 avril grévistes et gouvernement de parvenir à un accord dans les 14 jours.
Pour l’instant, les discussions sont dans l’impasse.
« Nous sommes plus que disposés à retourner dans les hôpitaux, mais les efforts déployés par le gouvernement ne suffisent pas à mettre fin aux souffrances » des praticiens, a déclaré devant la presse le secrétaire général adjoint du KMPDU, Dennis Miskellah.
Le dirigeant syndical a affirmé à l’AFP son intention de poursuivre le mouvement, car « la Constitution (leur) donne le droit de tenir un piquet de grève, de manifester et de participer à une grève ».
La semaine dernière, le KMPDU a rejeté une proposition de la Direction du Service Public, jugée insuffisante et élaborée sans concertation. Le gouvernement se disait prêt à répondre à certaines revendications comme le paiement d’arriérés de salaires et l’embauche de médecins internes.
Dans le cortège, Wanuri Kahiu, étudiante en médecine de 24 ans, disait espérer un accord, grâce à cette « pression sur le gouvernement ».
Mais dimanche, le président William Ruto, qui mène une politique de réduction des déficits depuis son élection en 2022, a écarté toute concession supplémentaire.
« Nous ne pouvons pas continuer à dépenser l’argent que nous n’avons pas », a-t-il déclaré : « Je dis à nos amis médecins que (…) nous apprécions le service qu’ils font pour notre nation mais que nous devons vivre selon nos moyens. »
Le KPMDU, qui revendique 7.000 adhérents, réclame notamment l’application d’un précédent accord, signé en 2017 avec le gouvernement pour mettre fin à une grève de 100 jours sur des revendications similaires qui avait paralysé le système de santé publique.
Les salaires insuffisants et les mauvaises conditions de travail ont conduit à un exode des médecins kényans vers d’autres pays africains et au-delà du continent.
Avec l’AFP