Jordan Bardella : accusé d’avoir fourni des faux documents, le président du RN sort du silence

Jordan Bardella

Jordan Bardella / Crédit photo : Delphine Goldsztejn

Jordan Bardella aurait participé à l’élaboration de faux documents sur son travail d’assistant parlementaire européen, selon un article de Libération paru ce lundi 9 septembre 2024, le président du RN démentant dans la foulée et dénonçant une « tentative de déstabilisation » à l’approche d’un procès de plusieurs cadres du parti.

L’article est extrait du livre-enquête « Machine à gagner », à paraître le 13 septembre sur la stratégie de conquête du pouvoir du RN, du journaliste Tristan Berteloot.

Selon ce dernier, Jordan Bardella, qui a été durant quelques mois en 2015 assistant parlementaire de Jean-François Jalkh, ex-eurodéputé RN, a participé a posteriori à l’élaboration de documents factices et antidatés (revues de presse, agenda) censés témoigner des tâches pour le compte de l’élu qu’il n’aurait pas réellement effectuées.

Libération cite notamment à l’appui un message d’un stagiaire travaillant pour l’avocat belge Ghislain Dubois, qui aurait déclaré lors d’un échange sur une messagerie avec d’anciens membres du parti qu’il avait « créé des faux dossiers pour des assistants qui n’ont jamais travaillé pour le Parlement européen ». Contacté, Me Dubois n’était pas immédiatement disponible pour réagir.

Jordan Bardella a travaillé « sans aucune infraction, ni irrégularité, tant au regard du règlement du Parlement européen que de la loi française », a rétorqué le RN dans un communiqué lundi.

« Vos accusations sont fausses et diffamatoires. Ni le Parlement européen, ni la justice française, n’avaient trouvé à redire quant à la réalité de mon travail. Personne ne sera dupe de cette grossière tentative de déstabilisation », a également réagi le président du RN sur X, évoquant l’ouverture prochaine du procès autour des assistants parlementaires du Front national (devenu Rassemblement national), prévu à partir du 30 septembre.

Les magistrats soupçonnent le parti d’extrême droite d’avoir mis en place un « système de détournement » des enveloppes (21.000 euros mensuels) allouées par l’Union européenne à chaque député pour rémunérer des assistants parlementaires. Ces derniers auraient travaillé en réalité tout ou partie pour le FN, lui permettant des économies substantielles de salaires.

Le Parlement européen a évalué en 2018 son préjudice à 6,8 millions d’euros.

Parmi les prévenus figurent Marine Le Pen, Louis Aliot, aujourd’hui vice-président du RN, l’ex-numéro 2 du parti Bruno Gollnisch, ou encore le député et porte-parole du RN Julien Odoul. Jordan Bardella n’avait lui pas été mis en cause par l’enquête qui a débuté en mars 2015.

« Nous irons donc devant le tribunal pour dire que nous n’avons commis aucune infraction (…) Je suis très sûre de notre innocence », a répété dimanche Marine Le Pen dans La Tribune Dimanche, dénonçant une procédure « profondément injuste ». La cheffe de file du RN est visée pour détournement de fonds publics et complicité. Elle encourt notamment une peine d’inéligibilité de cinq ans.

© AVEC AFP