Lors d’une interview avec la sublime Konnie Touré, le doyen John Jay a fait des révélations sur son triste séjour en Italie. Voici ci-dessous, l’intégralité des propos de John Jay :
« Je m’étais lancé dans un projet d’émission télé en Italie. Mais malheureusement, une fois sur place, ce n’était que du vent. Je n’avais plus la possibilité de retourner en Côte d’Ivoire, car j’avais demandé une mise en disponibilité de deux ans à la RTI.
Me voilà donc en Italie, dans une situation compliquée. Parce que le projet pour lequel j’y étais n’a finalement pas abouti.
Un jour, en plein hiver, le propriétaire de la maison où nous logions vient nous dire qu’il ne peut plus nous garder, car la personne qui nous avait fait venir n’a pas pu honorer ses engagements.
Je me retrouve alors à la gare, sans un sou, obligé de fouiller dans les poubelles pour trouver de quoi manger.
C’était une réalité douloureuse. Vous quittez votre pays avec l’espoir de partager le petit don que Dieu vous a donné, et vous vous retrouvez à mendier, à errer dans une gare, à chercher de la nourriture dans les ordures.
C’est alors à ce moment-là que mon ami Moro apprend ma situation. Il me fait venir et me sauve. Grâce à lui, je pars en France.
En France, je retrouve mon ami d’enfance, Ali Koné, aujourd’hui devenu mon associé. Il fait lui aussi ce qu’il peut pour m’aider. À l’époque, je vivais avec une femme, ni elle ni moi ne travaillions. Il nous arrivait donc de passer des journées entières sans rien manger.
Tout le monde savait qui j’étais. Les gens me reconnaissaient, murmuraient. Et moi, je ne pouvais rien dire. C’est l’épreuve la plus difficile : entendre parler de soi, imaginer ce qui se dit, sans pouvoir répondre. Je n’avais même pas de quoi m’acheter un ticket de train.
Un jour, ma compagne me suggère d’aller voir un ami pour lui demander de l’aide afin de rentrer à Abidjan et reprendre mon émission. Je vais le voir, il accepte et me donne les moyens de rentrer. De retour à Paris plus tard, à cause de la crise, Ziké m’héberge et me nourrit avec sa femme.
C’est durant cette période que Fabrice Sawegnon, avec qui je ne travaillais pas, apprend ce que je vis. Il me contacte et me dit qu’il sera bientôt à Paris et souhaite me voir.
Quand on se rencontre, il me regarde, me demande ce qui se passe, puis il me dit qu’il va m’aider comme il peut, mais que je dois absolument tout faire pour rentrer au pays.
Yves Zogbo aussi s’est impliqué. Il a alors saisi l’UNJCI, qui a pris attache avec Hamed Bakayoko. Et grâce à eux, je suis revenu en Côte d’Ivoire ».