Plus de 10.000 procédures judiciaires ont été ouvertes en Russie pour « discrédit » de l’armée depuis mars 2022, a rapporté ce mercredi 14 août 2024, le média indépendant Mediazona à partir de données des tribunaux, montrant la répression tous azimuts des voix antiguerre.
La Russie a étendu son arsenal répressif depuis le début de son invasion de l’Ukraine le 24 février 2022, punissant la diffusion de ce qu’elle juge être de « fausses informations » sur l’armée ou le « discrédit » de ses forces armées.
Fin 2022, la police russe avait ouvert 5.614 procédures contre des individus accusés d’avoir « discrédité » l’armée et 8.590 au total fin 2023, d’après Mediazona, qui a récolté ces données auprès des tribunaux russes.
Le seuil des 10.000 procédures a été dépassé « au cours de la première semaine d’août », a indiqué le média.
Ces procèdures sont ouvertes pour violation présumée de l’article du code administratif russe prohibant le « discrédit » des forces armées et sont passibles d’amendes allant de 300 et 500 euros.
Mais un individu peut être poursuivi au pénal « en cas de violation répétée » de cet article au cours de l’année qui suit une première sanction, et risque alors jusqu’à sept ans de prison.
Des poursuites pénales de ce type, après récidive pour « discrédit » de l’armée, ont été engagées contre 194 personnes à ce stade, d’après l’ONG de défense des droits humains OVD-Info.
Le dissident russe Oleg Orlov, 71 ans, figure de l’ONG Memorial colauréate du prix Nobel de la Paix en 2022, avait lui-même été poursuivi au pénal suivant ce schéma, après avoir dénoncé à de multiples reprises l’invasion russe de l’Ukraine.
En février, il a été condamné à deux ans et demi de prison, puis libéré lors d’un échange de prisonniers entre des pays occidentaux et Moscou le 1ᵉʳ août.
Depuis février 2022, des milliers de personnes ont été menacées, sanctionnées ou condamnées, parfois lourdement, pour leur opposition au Kremlin et à son invasion de l’Ukraine. La Russie compte 762 prisonniers politiques, selon l’ONG Memorial.
Avec AFP