Une scène particulièrement tendue s’est déroulée mi-avril 2025 lors d’un match du tournoi Challenger de tennis de Madrid.
Le Slovaque Norbert Gombos, ancien 80e mondial aujourd’hui classé 336e à l’ATP, a confronté directement des spectateurs qu’il soupçonnait de parier en direct sur son match, après sa défaite en demi-finale.
L’incident est survenu à l’issue d’une rencontre particulièrement disputée contre le Polonais Kamil Majchrzak (6-7, 6-3, 6-7).
Visiblement exaspéré par l’attitude de certains spectateurs tout au long de la partie, Gombos a fait ce que peu de joueurs osent : monter directement dans les tribunes pour confronter les personnes qu’il accusait d’avoir tenté d’influencer le cours du match par leurs comportements.
« Vous détruisez le jeu ! Vous, là, vous êtes contents ? Vous détruisez le match. Vous sifflez tout le temps. Qui sifflait ? Vous êtes tout le temps là, à siffler. Pourquoi vous détruisez le jeu ?! Je me moque de savoir si vous pariez ! Je m’en fiche », a lancé le tennisman slovaque, à quelques mètres seulement des spectateurs visés, dans une scène captée en vidéo qui a rapidement circulé sur les réseaux sociaux.
Ce coup d’éclat ne sortait pas de nulle part. Durant la rencontre, Gombos avait déjà manifesté son mécontentement auprès de l’arbitre, pointant du doigt ces mêmes individus.
Son entraîneur était également intervenu pour signaler ces comportements perturbateurs, alors que le joueur subissait sifflets et provocations au moment de servir – une forme de pression insidieuse souvent exercée par certains parieurs dans l’espoir d’influencer l’issue d’un point, et par conséquent celle de leurs paris.
L’ironie de la situation n’a échappé à personne : dans l’enceinte du tournoi madrilène, des panneaux rappelaient explicitement l’interdiction formelle de parier. Une règle manifestement contournée par certains spectateurs, au mépris de l’intégrité de la compétition et du respect dû aux athlètes.
Cet incident met en lumière un phénomène préoccupant qui gangrène particulièrement les circuits secondaires du tennis professionnel, comme les tournois Challengers.
Dans ces compétitions moins médiatisées, les joueurs se retrouvent souvent moins protégés face aux dérives liées aux paris sportifs.
Pour des athlètes comme Gombos, qui n’a plus disputé le moindre tournoi du Grand Chelem depuis 2022, ces pressions peuvent avoir un impact considérable sur leur performance et leur carrière.
Au-delà du cas isolé de Madrid, c’est tout un système qui se trouve questionné. Les joueurs et joueuses évoluant hors du Top 100 mondial dénoncent depuis des années ces pratiques toxiques : intimidations au bord des courts, insultes sur les réseaux sociaux, et parfois même menaces directes lorsque les résultats ne correspondent pas aux attentes des parieurs.
La fédération internationale de tennis (ITF) et l’Association des joueurs professionnels (ATP) ont certes renforcé leurs dispositifs de lutte contre ces dérives, notamment via la Tennis Integrity Unit, mais les moyens déployés semblent encore insuffisants face à l’ampleur du phénomène, particulièrement dans les tournois de seconde zone.
La réaction explosive de Norbert Gombos, aussi inhabituelle soit-elle dans le monde feutré du tennis, agit comme un signal d’alarme. Elle rappelle l’urgence de protéger efficacement l’ensemble des acteurs du circuit, y compris ceux qui évoluent loin des projecteurs des grands tournois, contre les effets pervers d’une industrie des paris sportifs en pleine expansion.