Ce jeudi 11 juillet 2024, le président kenyan William Ruto, a limogé tous les ministres de son cabinet et a promis de former un nouveau gouvernement qui sera léger et efficace, après des semaines de manifestations contre les impôts élevés et la mauvaise gouvernance.
En plus des ministres, le président a également limogé le procureur général et a déclaré que les ministères seraient dirigés par leurs secrétaires permanents.
Ruto a déclaré qu’il avait pris cette décision après avoir écouté le peuple et qu’il formerait un gouvernement à base élargie après consultations.
Le Kenya a connu trois semaines de troubles au cours desquelles des manifestants ont pris d’assaut le parlement le 25 juin après l’adoption d’un projet de loi de finances prévoyant une augmentation des impôts. Plus de 30 personnes sont mortes lors de ces manifestations, qui se sont transformées en appels à la démission du président.
Ruto devenu impopulaire au Kenya
Ruto est devenu profondément impopulaire au cours de ses deux années de mandat en raison de sa volonté d’introduire des taxes destinées à permettre au Kenya de rembourser sa dette publique de 80 milliards de dollars à des bailleurs de fonds tels que la Banque mondiale, le Fonds monétaire international et la Chine.
La dette publique représente environ 70% du Produit intérieur brut du Kenya, soit le niveau le plus élevé depuis 20 ans.
La question essentielle est de savoir comment l’administration de M. Ruto trouvera l’argent nécessaire pour rembourser la dette sans irriter davantage les millions de Kényans qui s’en sortent à peine et sans ralentir l’économie. L’économie a connu une croissance de 5,6% en 2023.
L’économiste Mbui Wagacha, ancien conseiller de l’ancien président Uhuru Kenyatta, a déclaré que le Kenya avait besoin d’un organisme professionnel de gestion et de budget, comme l’Office of Management and Budget aux États-Unis.
« Le Parlement a abdiqué le mandat que lui confère la Constitution en matière de finances publiques et ne s’occupe que de ses propres intérêts« , a déclaré M. Wagacha lors d’une interview.
Il a déclaré que de nouveaux emprunts du Kenya pourraient être « désastreux » et a proposé une stratégie consistant à utiliser la diplomatie pour attirer les investissements et à restructurer la dette pour que les créanciers en annulent une partie.
Un autre économiste, Ken Gichinga, a reconnu que les emprunts du gouvernement allaient ralentir l’économie kenyane. Selon lui, les entreprises ne se sont pas encore remises des effets de la pandémie de grippe aviaire et de la guerre en Ukraine.