Les autorités égyptiennes ont arrêté ou poursuivi en un mois une quarantaine de personnes accusées d' »indécence », de « débauche », d’« atteinte aux valeurs familiales » ou de « blanchiment d’argent » en lien avec leurs publications sur les réseaux sociaux, affirme un communiqué de Human Rights Watch (HRW) publié ce mercredi 10 septembre 2025.
Le ministère égyptien de l’Intérieur a fait état de 29 cas entre fin juillet et et fin août, dont au moins 19 femmes et un enfant, tandis que des sources indépendantes ont recensé 8 autres cas sur la période, selon l’organisation de défense des droits humains.
Les comptes des personnes ciblées, pour la majorité encore accessibles, contiennent des contenus variés, comme des vidéos comiques, des montages avec synchronisation labiale, des publicités pour des produits cosmétiques low-cost ou des images de la vie quotidienne.
Les « accusations vagues de moralité » débouchant sur des « poursuites abusives » ont notamment visé quatre danseuses du ventre, un humoriste, des artistes tatoueurs et des influenceurs publiant divers contenus sur des plateformes de médias sociaux comme TikTok, selon la même source.
La campagne de répression en cours « semble destinée à étouffer les derniers espaces d’expression libre dans le pays » souligne dans le communiqué Amr Magdi, chercheur à Human Rights Watch qui pointe « les efforts incessants du gouvernement pour criminaliser toutes les formes d’expression qui ne sont pas conformes à ses vues politiques ou sociales ».
Pour Lobna Darwish, de l’Initiative égyptienne pour les droits de la personne (EIPR) citée dans le communiqué, cette vague d’arrestations représente « la répression la plus importante depuis 2020 ». Selon elle, sont essentiellement visées des femmes des classes populaires ou moyennes, devenues visibles et autonomes financièrement grâce aux réseaux sociaux.
Parmi les personnes arrêtées figure une jeune fille de 16 ans nommée Nour Tofaha, accusée de publier des vidéos « immorales » où on la voit danser. Un tribunal pour mineurs l’a condamnée à deux ans de prison pour incitation à l’immoralité et à la dépravation, selon des médias locaux.
Le communiqué appelle les autorités égyptiennes à « libérer toutes les personnes arrêtées pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression en ligne » mais aussi à « abroger toutes les lois restreignant le droit à la vie privée, la liberté d’expression et la liberté de croyance au nom de la moralité ».
HRW décrit notamment la loi sur la cybercriminalité adoptée en 2018 comme « un des principaux outils pour criminaliser l’expression libre ces dernières années ».
Avec AFP