L’opposant guinéen en exil Cellou Dalein Diallo a annoncé jeudi à l’AFP « porter plainte auprès de la Cour de justice de la CEDEAO contre l’État guinéen » pour l’avoir exclu du fichier électoral, et donc de l’élection présidentielle du 28 décembre.
Cette élection doit permettre de rétablir l’ordre constitutionnel après un coup d’État en 2021. Mais le chef de la junte qui dirige ce pays d’Afrique de l’Ouest d’une main de fer sera candidat à l’élection, en dépit de sa promesse initiale de rendre le pouvoir aux civils.
« J’ai donné mandat à mes avocats de porter plainte auprès de la Cour de justice de la Cedeao (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) contre l’État guinéen, qui a arbitrairement refusé mon enrôlement dans le fichier électoral guinéen », a déclaré à l’AFP l’ex-Premier ministre et opposant Cellou Dalein Diallo, dénonçant une « décision injuste et illégale ».
La nouvelle Constitution guinéenne, adoptée par référendum fin septembre, a notamment introduit une disposition indiquant qu’il faut avoir sa résidence principale en Guinée pour être candidat à une élection présidentielle, excluant de fait M. Diallo, en exil entre Dakar et Abidjan.
Le parti de Cellou Dalein Diallo, l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), et d’autres partis d’opposition ont été suspendus fin août pour trois mois par les autorités guinéennes.
« Personne ne peut ignorer la dérive actuellement à l’œuvre en Guinée et la réduction des droits fondamentaux. Notre client a vu sa maison rasée par la junte au pouvoir », a dénoncé jeudi auprès de l’AFP Vincent Brengarth, avocat de M. Diallo.
« Parce qu’il est un membre éminent de l’opposition, Cellou Dalein Diallo représente une menace et, à ce titre, craint légitimement pour sa vie et sa liberté. Il est à Dakar pour des raisons de sécurité, tant que la situation (en Guinée) ne se sera pas apaisée », a-t-il poursuivi.
« Nous avons saisi la Cedeao car nous considérons que les recours devant les juridictions internes n’ont aucune chance de prospérer », a-t-il ajouté.
Interrogée par l’AFP, une porte-parole de la Cour de justice, Elohor Ovadje, a déclaré ne pas pouvoir se prononcer sur le fait de savoir si la Cour rendrait un jugement au sujet de cette plainte avant la tenue de la présidentielle du 28 décembre.
La Cour de justice de la Cedeao ne dispose cependant pas de mécanisme pour faire appliquer ses décisions.
Avec AFP