Le procès en appel pour corruption d’un ancien ministre de la Défense du président guinéen Alpha Condé, renversé par un putsch en 2021, s’est ouvert ce jeudi 6 mars 2025 à Conakry devant une cour spéciale.
Mohamed Diané, tout-puissant ministre de 2015 à 2021, écroué depuis 2022, a été condamné en première instance à cinq ans de prison pour détournement de fonds publics, enrichissement illicite, blanchiment de capitaux et corruption d’agents publics.
M. Diané a clamé son innocence devant la chambre d’appel de la Cour de répression des infractions économiques et financières (Crief), une juridiction anti-corruption instituée par les militaires qui ont renversé le président Condé (2010-2021).
« Je réaffirme mon innocence face aux accusations portées contre moi, lesquelles ne reposent sur aucune preuve tangible, ni sur une base juridique solide. Les irrégularités flagrantes qui ont entaché cette procédure depuis l’enquête préliminaire jusqu’au verdict final sont indéniables », s’est-il défendu.
« C’est évident que ma condamnation repose sur des allégations vagues et non étayées, ce qui constitue une violation flagrante des principes fondamentaux du droit pénal », a dénoncé M. Diané qui fustige un « parti pris évident ».
En détention à la maison centrale de Conakry depuis mai 2022, M. Diané ne s’est jamais soumis aux interrogations de la Crief.
Il est l’un des nombreux anciens dirigeants et figures de l’opposition ou de la société civile incarcérés ou inquiétés sous la junte.
Condamnation de l’ex-Premier ministre guinéen Ibrahima Kassory Fofana
La Crief a condamné la semaine dernière l’ex-Premier ministre guinéen Ibrahima Kassory Fofana à cinq ans de prison pour détournement de fonds publics, enrichissement illicite et corruption.
Les militaires ont officiellement fait de la lutte contre la corruption, réputée endémique en Guinée, l’un de leurs grands combats proclamés.
La junte a ordonné en novembre 2022 d’engager des poursuites contre l’ex-président Alpha Condé et plus de 180 hauts cadres ou ex-ministres, notamment pour des faits présumés de corruption.
Elle avait déjà lancé en mai 2022 une action contre M. Condé pour des faits présumés d’assassinats, actes de torture, enlèvements et viols, dans ce pays où la répression des manifestations politiques est souvent brutale.
Le chef de la junte, le général Mamadi Doumbouya, a assuré qu’il n’y aurait pas de « chasse aux sorcières ». L’opposition dénonce la répression des libertés et l’instrumentalisation de la justice.
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