En Guinée, Mamadi Doumbouya, s’est officiellement lancé ce lundi 3 novembre 2025 dans la course à la présidence, en déposant sa candidature pour les élections du 28 décembre 2025 qui visent à rétablir l’ordre constitutionnel après le coup d’État du général en 2021.
Doumbouya dirige d’une main de fer ce pays d’Afrique de l’Ouest depuis son arrivée au pouvoir. Malgré sa promesse initiale de rendre le pouvoir aux civils, tout le monde s’attendait à ce qu’il se présente à l’élection présidentielle.
Arrivé à la Cour suprême à bord d’un véhicule blindé pour déposer officiellement sa candidature, entouré de forces spéciales, le général est reparti sans faire de déclaration.
Des milliers de partisans venus de tout le pays, qui avaient fait le voyage jusqu’à la capitale en bus, se sont rassemblés devant le tribunal en scandant « Mamadi champion, Mamadi président, Mamadi déjà élu ! ».
La Guinée, pays pauvre, est depuis longtemps en proie aux coups d’État et à la violence des gouvernements autoritaires.
Elle a toutefois connu une période de transition démocratique après l’élection en novembre 2010 d’Alpha Condé, pilier de longue date de l’opposition et premier président librement élu du pays.
Cette période a pris fin lorsque Doumbouya a pris le pouvoir en septembre 2021 et renversé Condé.
Les Guinéens et la communauté internationale réclament la tenue de ce scrutin, qui vise à rétablir l’ordre constitutionnel dans ce pays de 14,5 millions d’habitants après quatre années de régime militaire.
Dans un communiqué, l’alliance d’opposition Forces vives de Guinée (FVG) a condamné la candidature de Doumbouya, la qualifiant de « tournant désastreux dans l’histoire de notre pays », et l’a accusé d’avoir bafoué « les engagements solennels » qu’il avait pris de ne pas se présenter à la présidence.
Référendum approuvé
Fin septembre, les Guinéens ont approuvé une nouvelle constitution qui a ouvert la voie aux élections et permis à Doumbouya de se présenter à la présidence.
L’opposition guinéenne avait appelé les électeurs à rester chez eux, dénonçant le référendum comme une « mascarade » visant à permettre à la junte de conserver le pouvoir.
Cependant, les Guinéens se sont rendus en masse aux urnes et ont choisi à une large majorité d’adopter la constitution, avec 89 % de voix favorables selon les résultats officiels.
Depuis son arrivée au pouvoir, Doumbouya, 40 ans, a considérablement restreint les libertés.
La junte a interdit les manifestations et a arrêté, poursuivi ou contraint à l’exil plusieurs leaders de l’opposition, dont certains ont été victimes de disparitions forcées.
Plusieurs médias ont également été suspendus et des journalistes arrêtés.
« Le gouvernement de Doumbouya a été marqué par des violations massives des droits humains, une manipulation flagrante du système judiciaire, une corruption endémique au sein de son équipe dirigeante et des restrictions drastiques des libertés civiles », a déclaré le FVG dans son communiqué.
Le groupe a appelé à la mobilisation contre « la tentative de Doumbouya de détruire nos acquis démocratiques durement gagnés, obtenus au prix de lourds sacrifices de la part de notre peuple ».
Plusieurs autres candidats ont également déposé officiellement leur candidature lundi, dont Faya Millimono, leader du Bloc libéral centriste, le seul parti qui critique encore la junte.
Makale Camara, présidente du parti Front national d’alliance (FAN) et ancienne ministre des Affaires étrangères, a également déposé sa candidature.
Elle a rejeté les critiques selon lesquelles elle et d’autres candidats n’étaient autorisés à se présenter que pour donner à l’élection un vernis d’authenticité, qualifiant cela de « vision étroite ».
Ancienne colonie française, la Guinée est devenue le deuxième pays d’Afrique subsaharienne après le Ghana à obtenir son indépendance en 1958, avant la vague de décolonisation des années 1960.