De hautes personnalités politiques et militaires de la Guinée-Bissau, parmi lesquelles certains des principaux opposants au président Umaro Sissoco Embalo, devront être jugées pour leur implication présumée dans ce qui a été présenté comme une tentative de coup d’Etat le 1er février 2022, indique un document de commission d’enquête.
Sur une liste de 20 personnes appelées à être jugées figurent les anciens Premiers ministres Domingos Simoes Pereira et Nuno Gomes Nabiam, les anciens chefs d’état-major Antonio Indjai et José Zamora Induta et plusieurs députés.
L’ex-chef de la Marine Jose Americo Bubu Na Tchuto, en tête de la liste, est présenté comme le « leader présumé de la tentative de coup d’Etat » dans ce document de la « commission d’enquête indépendante » formée après les évènements de février 2022.
« Suite à l’enquête en cours sur l’attaque du palais du gouvernement à l’arme automatique, les personnalités mentionnées ci-dessus seront traduites en justice pour répondre des crimes qui auraient été commis, conformément à la Constitution de la République de Guinée-Bissau et dans le respect du principe de présomption d’innocence », dit ce document communiqué vendredi à l’AFP.
Aucune date n’est citée.
« Celui qui est reconnu coupable paiera pour ses actes. Les gens ne peuvent pas restés impunis », a déclaré le président Embalo jeudi en faisant référence à cette affaire parmi d’autres.
Des hommes armés avaient attaqué il y a deux ans le Palais du gouvernement dans la capitale Bissau pendant que le président Embalo y présidait un conseil des ministres.
M. Embalo était sorti indemne après des heures d’échanges de tirs qui avaient fait 11 morts selon le gouvernement.
Le président Embalo a présenté le coup de force comme directement lié au combat qu’il dit mener contre le trafic de drogue et la corruption.
La Guinée-Bissau, petit pays pauvre d’environ deux millions d’habitants en Afrique de l’Ouest, est considérée comme une plaque tournante du trafic de cocaïne en provenance d’Amérique latine. Dans un pays où les positions rémunératrices sont rares et disputées, nombre de membres des forces armées, omniprésentes, passent pour tremper dans les trafics.
Depuis son indépendance du Portugal en 1974, la Guinée-Bissau a connu une kyrielle de coups d’Etat, militaires ou non, dont le dernier ayant réussi remonte à 2012.
Depuis 2014, elle s’est engagée vers un retour à l’ordre constitutionnel, ce qui ne l’a pas préservée des turbulences et d’un état de crise politique chronique.
Elle a de nouveau été le théâtre en décembre 2023 d’affrontements entre l’armée et des éléments des forces de sécurité qui ont fait deux morts et que le chef de l’Etat a également qualifiés de tentative de coup d’Etat.
Avec l’AFP
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