Le Cameroun s’est soudainement retrouvé propulsé sur le devant de la scène internationale en pleine guerre entre la Russie et l’Ukraine.
Le 11 juillet 2024, les autorités ukrainiennes ont intercepté le Usko MFU, un navire arborant le pavillon camerounais, dans les eaux roumaines du Danube.
Ce cargo, chargé de céréales et en partance pour la Grèce, est accusé d’avoir accosté à plusieurs reprises au port de Sébastopol en Crimée, une activité jugée illicite par Kiev et ses alliés occidentaux.
L’affaire du Usko MFU met en lumière la délicate question de la responsabilité des États dans la gestion de leurs pavillons maritimes.
Tel un emblème flottant, le pavillon d’un navire engage l’honneur et la crédibilité du pays qu’il représente.
Le Cameroun se trouve ainsi pris dans un étau, coincé entre les intérêts géopolitiques divergents et les enjeux économiques.
Les enquêteurs ukrainiens affirment que le navire aurait délibérément désactivé son système de suivi AIS lors de ses escales en Crimée.
Cette tactique, digne des ruses employées par les flibustiers d’antan, aurait permis au cargo de se jouer des sanctions internationales, naviguant tel un vaisseau fantôme sur les eaux troubles de la mer Noire.
L’équipage, mené par un capitaine azerbaïdjanais et composé de douze autres membres, fait face à de graves accusations.
D’après le procureur général ukrainien, le navire aurait enfreint la législation interdisant l’entrée et la sortie des territoires ukrainiens sous contrôle russe.
Cette situation met en exergue la complexité des enjeux légaux et diplomatiques dans une zone où les frontières maritimes sont aussi contestées que les terres qu’elles bordent.
L’implication du Cameroun dans cette affaire prend une dimension particulière à la lumière des récents événements. Trois mois avant cet incident, Yaoundé avait pris la décision de suspendre pour une durée de six mois les immatriculations des navires opérant en dehors de ses eaux territoriales.
Cette mesure faisait suite aux inquiétudes exprimées par l’Organisation Maritime Internationale (OMI) concernant les agissements de certains « navires fantômes » battant pavillon camerounais.
Ce cas de figure soulève des interrogations plus vastes sur la gouvernance maritime mondiale et la capacité des nations, notamment celles en développement, à surveiller efficacement l’usage de leur pavillon.
L’exemple du Cameroun illustre comment un pays peut se retrouver, malgré lui, happé dans le tourbillon des tensions géopolitiques majeures par le biais de son registre maritime.