Le président du Rwanda Paul Kagame a rencontré ce dimanche 02 mars 2025, le chef des forces armées ougandaises Muhoozi Kainerugaba à Kigali, au moment où l’avancée rapide du groupe armé M23 et de troupes rwandaises dans l’est de la RDC fait craindre un embrasement régional.
Muhoozi Kainerugaba, qui est aussi le fils du président ougandais Yoweri Museveni, avait déclaré samedi qu’il allait signer à Kigali « un pacte de défense entre l’Ouganda et le Rwanda ».
« Quiconque attaque l’un de nos pays aura déclaré la guerre aux deux pays », avait ajouté celui qui est considéré comme le successeur probable de son père âgé de 80 ans.
Le ministre ougandais de la Jeunesse Balaam Barugahara, un proche allié de Yoweri Museveni, a annoncé la visite dimanche sur X.
Un responsable de l’armée ougandaise et une source gouvernementale rwandaise ont confirmé la rencontre auprès de l’AFP sous couvert d’anonymat. Aucun détail sur le contenu de celle-ci n’a été donné.
Depuis fin janvier, le groupe armé antigouvernemental M23 s’est notamment rendu maître avec ses alliés rwandais des grandes villes de Goma et Bukavu, après avoir déjà conquis depuis 2021 de vastes pans de cette région riche en ressources naturelles.
En 2021, l’armée ougandaise s’est déployée dans le nord-est de la RDC pour assister les forces congolaises contre les rebelles des Forces démocratiques alliés (ADF) affiliés au groupe État islamique.
L’Ouganda a été accusé par des experts de travailler aussi contre les intérêts de la RDC en soutenant le M23, lui permettant d’utiliser son territoire comme voie d’approvisionnement des accusations fermement rejetées.
Une source diplomatique estimait la semaine dernière auprès de l’AFP que l’Ouganda compte entre 8.000 et 10.000 soldats en RDC, dont environ 1.000 envoyés fin janvier. Kampala ne donne pas de chiffre exact.
Paul Kagame et Yoweri Museveni ont été de proches alliés durant les années 1980-1990, dans la conquête du pouvoir dans leurs pays respectifs, avant de devenir de farouches rivaux, s’accusant mutuellement d’espionnage, d’enlèvements et de soutien à des groupes rebelles.
Le Rwanda avait fermé sa frontière avec son voisin du Nord en 2019, accusant l’Ouganda d’enlever ses ressortissants et de soutenir des rebelles cherchant à renverser M. Kagame.
La frontière avait réouverte en 2022 après une rencontre entre Muhoozi Kainerugaba et Paul Kagame, dans un réchauffement des relations diplomatiques entre les pays.
Des analystes craignent que l’escalade dans l’Est de la RDC ne conduise à une répétition de la situation de 1998, lorsque l’Ouganda et le Rwanda soutenaient des groupes rebelles dans la région.
Avec AFP