Ghana – Burkina Faso : une communication facilitée entre les deux pays ; ces frais ont été supprimés

Ghana - Burkina faso

Crédits photo : Habari netword

Le Burkina Faso et le Ghana ont signé ce vendredi 21 novembre 2025 à Ouagadougou un accord éliminant les frais d’itinérance téléphonique entre les deux pays. La cérémonie s’est déroulée dans les locaux de l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes, en présence de la ministre burkinabè de la Transition digitale, Dr Aminata Zerbo/Sabane, et du ministre ghanéen de la Communication, Samuel Nartey George. L’accord a été paraphé en marge de la vingtième édition de la Semaine du numérique organisée à Ouagadougou, dont le Ghana était l’invité d’honneur.

Les abonnés mobiles des deux pays pourront désormais utiliser leurs lignes nationales sur le territoire voisin sans surcoût, ni taxe additionnelle. Les appels, les SMS et les données seront facturés aux tarifs domestiques, comme si l’utilisateur restait dans son pays d’origine. « Nous avons supprimé la taxe liée au roaming. Cet accord permet une intégration numérique et une communication fluide entre nos peuples », a déclaré Patrice Compaoré, secrétaire exécutif de l’ARCEP, lors de la cérémonie.

Jusqu’à présent, un Burkinabè voyageant au Ghana ou inversement devait payer des frais d’itinérance élevés pour rester connecté au réseau de son opérateur national. Ces coûts constituaient un frein aux échanges économiques, aux voyages et à la mobilité des populations très interconnectées, notamment dans les zones frontalières. Bref, une barrière invisible mais coûteuse.

L’accord bénéficie directement aux communautés diaspora installées de part et d’autre de la frontière, ainsi qu’aux transporteurs, étudiants, commerçants, opérateurs économiques et travailleurs migrants. Les équipes techniques, incluant les opérateurs de téléphonie mobile des deux pays, ont travaillé à l’harmonisation des systèmes et à la fixation des modalités tarifaires. L’entrée en vigueur est immédiate selon les autorités burkinabè, bien qu’aucun calendrier précis de mise en œuvre n’ait été communiqué lors de l’annonce.

La ministre Zerbo/Sabane a annoncé que cette mesure sera prochainement étendue au Mali puis au Niger, en partenariat avec le Ghana. « Cette avancée s’inscrit dans notre volonté d’améliorer la connectivité dans la sous-région et de faciliter les échanges entre nos populations », a-t-elle affirmé lors de la cérémonie de clôture de la Semaine du numérique vendredi soir. Le Burkina Faso bénéficie déjà du free roaming avec les pays de l’Alliance des États du Sahel ainsi qu’avec le Togo depuis avril 2025.

Le ministre ghanéen Samuel Nartey George s’est réjoui de cette coopération panafricaine. Il a qualifié l’accord « d’avancée décisive pour nos citoyens ». Le Ghana a été pionnier dans le domaine : en juin 2023, le pays et la Côte d’Ivoire ont été les premiers États d’Afrique de l’Ouest à mettre en œuvre le free roaming de la CEDEAO. Le mécanisme est ensuite devenu effectif entre le Ghana et le Bénin d’octobre 2024, puis entre le Ghana et le Togo. Le Ghana a également signé un protocole d’accord avec la Gambie pour une mise en œuvre au premier semestre 2025.

En parallèle de l’accord sur le roaming, l’ARCEP du Burkina Faso et la National Communications Authority du Ghana ont finalisé et signé vendredi leur projet d’accord de coordination des fréquences radioélectriques. Ce processus, entamé en 2020 et ayant nécessité une seconde rencontre virtuelle en août 2025, définit les conditions techniques d’utilisation du spectre : limites de puissance, niveaux de champ maximaux à la frontière, distances minimales. L’objectif est de garantir une utilisation harmonieuse du spectre radioélectrique et d’éviter les interférences de signal le long de la frontière commune entre les deux pays.

Edmund Fianko, directeur général par intérim de la NCA du Ghana, avait expliqué lors des discussions techniques en août que cette action répondait aux plaintes reçues de consommateurs le long de la frontière Ghana-Burkina Faso concernant les problèmes d’interférences. « J’exhorte toutes les parties prenantes à respecter les seuils convenus, car des dispositions seront prises pour garantir une force minimale du signal de part et d’autre de la frontière », avait-il indiqué.

Ces accords s’inscrivent dans une tendance plus large sur le continent. En Afrique de l’Ouest, où la connectivité joue un rôle dans la mobilité des travailleurs, l’intégration commerciale intra-CEDEAO et la digitalisation croissante des services publics, cette mesure pourrait servir de modèle à d’autres accords bilatéraux. Plusieurs organisations régionales plaident pour une harmonisation des tarifs télécom, suivant l’exemple de l’Union européenne qui a supprimé le roaming en 2017.

En août 2025, le free roaming a été lancé entre la Sierra Leone et le Liberia. Le Liberia a également signé un protocole d’accord avec la Côte d’Ivoire. Le Togo et le Bénin ont mis en œuvre leur accord bilatéral. Enfin, les pays de l’Alliance des États du Sahel ont signé leur convention de roaming en novembre 2024, visant une mise en œuvre d’ici fin décembre 2024. La CEDEAO avait adopté en 2017 une réglementation communautaire pour créer une zone régionale d’itinérance à faible coût ou gratuite afin de soutenir la communication transfrontalière et de promouvoir la libre circulation des personnes et des biens.

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